Alexandre Markelbach
(Anvers, 1824 - Schaerbeek, 1906)
Peintre
Né à Anvers le 7 août 1824, l’artiste peintre Alexandre Markelbach était le petit-fils d'un officier autrichien émigré en Belgique à la fin du XVIIIe siècle et le fils d'un industriel installé à Anvers.
Formé à l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale, il peint en 1843 une « Vierge au rosaire » qui connaît le succès au salon triennal d'Anvers de 1845. Il poursuit sa formation à Munich, revient 3 ans plus tard dans sa ville natale puis s’établit à Bruxelles après son mariage en 1858.
Il poursuit sa carrière en peignant des sujets religieux (l'église Saint-André à Anvers conserve son « Calvaire » de 1850, l'église Saint-Michel à Louvain un « Dépouillement du Christ » de 1853) ainsi que des sujets de genre de tendance historique, comme en témoigne le tableau « Les Rhétoriciens d'Anvers du XVIe siècle s'apprêtant à une joute oratoire » (une œuvre de 1872 remarquée à l'Exposition Générale des Beaux-Arts à Bruxelles, acquise et conservée aux Musées royaux des Beaux-Arts, Bruxelles – Inv. 2553).
Divers musées belges et allemands ont acquis ses toiles ; c’est le cas du Musée des Beaux-Arts d'Anvers qui possède dans ses collections un « Estaignier au XVIIe siècle » (fabricant d’objets en étain). Markelbach réalisa également de grandes peintures décoratives pour le palais du prince Lamporecchi à Florence.
Alexandre Markelbach a été élu correspondant, puis membre de la Classe des Beaux-Arts respectivement les 1er mars 1883 et 10 janvier 1889.
Il est décédé à Bruxelles (Schaerbeek) le 20 juillet 1906.
Archives de l'Académie royale de Belgique :
15145 : Lettre du secrétaire perpétuel au baron Delbeke, 6 mars 1920. Le don de ce buste à l'Académie par le baron Delbeke est accepté.
Publications :
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, 1993, p. 254-255.
Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, 1920/1-3, p. 11, 16 (séance du 5 février) : M. Delbeke, neveu de Markelbach, offre le buste de celui-ci.
Solvay, L., Notice sur Alexandre Markelbach, dans Annuaire de l'Académie royale de Belgique, 1939, t. CV, p. 47-57 (portrait photographique, liste des œuvres).
Lavalleye, J., Artistes belges contemporains, Bruxelles, Ed. De Taeye, 1894, p. 273-287.
Lavalleye, J., Notice sur Alexandre Markelbach, dans Biographie nationale, t. XXXV, col 568.
Lemonnier, C., L'École belge de peinture, 1830-1905, Bruxelles, Van Oest, 1906, p. 40.
Midavaine, L., Henriette Calais (1863-1951), Itinéraire d’une artiste indépendante http://www.koregos.org/fr/lucien-midavaine-henriette-calais-1863-1951
Cent cinquante ans de vie artistique, 1980, p. 62.
Gueguen, D., Jean Delville, franc-maçon, théosophe, occultiste, in Koregos revue et encyclopédie multimédias des arts, reporticle du 9 juillet 2015
Hélène Cornette
La sculptrice belge Hélène Cornette naît à Ypres le 19 octobre 1867. Elle meurt à Bruxelles le 23 novembre 1957.
Cadette de deux filles, Hélène Aimée Louise Flavie Cornette voit le jour à Ypres le 19 octobre 1867 et grandit dans une famille dont le père, docteur en médecine, est également échevin et président du conseil d’administration de l’académie de la ville.
De 17 à 26 ans, elle se forme au dessin et à la peinture sous la direction du peintre Louis Delbeke, l’auteur des peintures murales des Halles de sa ville natale, lesquelles seront détruites par les bombardements de la Grande Guerre, comme tout le centre historique de la ville. Le portrait qu’elle fait de son maître et qui est conservé au musée communal d’Ypres date de cette époque.
En 1890, elle réalise une statue de 2m50 d’Alphonse Vandepeereboom, ministre et homme politique yprois et, à partir de ce moment, elle se consacre quasi exclusivement à la sculpture.
La famille Cornette, domiciliée à Ypres jusqu’en 1893, emménage alors dans la capitale, où elle occupera successivement plusieurs immeubles de la chaussée de Vleurgat à Ixelles. La mère y décède en 1916, et le père en 1920.
Hélène Cornette, célibataire, résidera toute sa vie dans ce quartier : après la mort de son père, elle s’établit rue de Florence (1921) et son dernier domicile au moment de son décès est situé avenue de la Couronne.
De 1892 à 1914, elle expose régulièrement tant en Belgique (salons internationaux d’Anvers, Bruges, Bruxelles, Gand, Liège et Namur) qu’à l’étranger (Munich et Paris).
Dès 1893, elle rencontre d’autres artistes de l’avant-garde belge. Elle reçoit les principes de sculpture de Paul Dubois. Mais celui qu’elle reconnaît pour “le maître qui aura eu le plus d’influence sur (son) art est Charles Hermans”.
Elle expose avec d’autres artistes dans des salons symbolistes, préraphaélites. Elle participe en février 1894 à l’« exposition d’art idéographique » organisée par Kumris[1] avec une œuvre strictement occultiste : son « Cycle perpétuel », complexe sculpture polychromée formée d’un losange entouré de sept étoiles à sept branches, évoque aux initiés « l’idée de la vie qui renaît de la mort ». Elle participe à l’exposition annuelle de la Libre Esthétique en 1896, 1900, 1902.
Hélène Cornette est décédée à Ixelles en 1957.
Le buste qu’elle réalisa d’Alexandre Markelbach est un don fait en 1920 à l’Académie des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique par le neveu de l’académicien. En 1921, elle a fait don au musée d’Ixelles de plusieurs oeuvres en plâtre : “la lecture”, “la sculpture”, “le modèle”, “femme nue”, “buste de Charles Hermans” (qui sera exposé en 1930 au cercle artistique et littéraire à Bruxelles), “figure tombale”. On n’a jusqu’à présent retrouvé aucune trace de l’activité artistique de la sculptrice après 1921.
Un de ses bronze – “Chagrin” – a fait partie d’une exposition que le Musée Rops de Namur a récemment consacrée aux “FEMMES ARTISTES. LES PEINTRESSES EN BELGIQUE”
La présence et le travail d’Hélène Cornette témoignent, comme c’est le cas pour nombre de créatrices actives à la charnière des XIXe et XXe siècles, de l’arrivée des femmes dans un milieu jusque là essentiellement réservé aux hommes (aux hommes, la création, aux femmes, la procréation…) et du travail accompli par elles pour se faire une place dans le monde des arts, que ce soit dans les arts décoratifs, graphiques et médiumniques, dans la peinture ou la sculpture.
En Belgique, la première génération des femmes qui à la fois produisent des sculptures et prennent part à divers salons et expositions apparaît à partir des années 1880. Beaucoup ont du mal à s’affirmer en tant qu’artistes. Être « fille de… » ou « femme de… » permet à certaines de sortir de l’ombre. Plusieurs de ces artistes exposent en utilisant un pseudonyme ou le nom de leur mari. Les femmes privées de ces liens familiaux ou maritaux artistiques renoncent bien souvent à se marier, déterminées à se consacrer à leur carrière. Elles exposent sous leur seul nom de famille, c’est le cas d’Hélène Cornette qui exposera sous le nom de « Cornette » au salon rosicrucien de 1897.
Ces créatrices nous apprennent que l’esthétique symboliste, nabie et Art nouveau fut un terrain où les hommes ne furent pas les seuls à s’exprimer, même si, à l’époque, l’apparition de ces figures féminines y sembla inattendue, incomprise voire malvenue dès lors qu’elles étaient perçues comme un risque de mettre en cause un ordre établi.
[1] « 1892 voit aussi le lancement, à Bruxelles, de la branche belge du Groupe Indépendant d’Études Ésotériques, plus connu sous le nom de Kumris qui est l’émanation kabbalistique et martiniste de la Rose+Croix de Papus. […] C’était en même temps un groupe mondain (la mode est à l’ésotérisme), avec beaucoup de femmes, […] et une activité mêlant l’occultisme et une recherche artistique innovante. Ainsi, Kumris fut à l’avant-garde dans la découverte de l’art primitif africain, de son importance esthétique et initiatique. » Daniel Gueguen – Koregos 2015
Fiche technique
Tête, bronze,
H 55,9 L 33,5 P 24
Signature sur le côté à droite :
Hélène Cornette
Inv. ARB 11.
Photo Luc Schrobiltgen