Buste de Charles-Joseph, prince de Ligne

Gilles Lambert Godecharle

Charles-Joseph prince de Ligne

(Bruxelles, 1735 - Vienne, 1814)

Diplomate – Militaire – Écrivain 

 

Charles-Joseph de Ligne naît à Bruxelles le 12 mai 1735 au sein d’une des plus prestigieuses familles de nos régions, dont les origines remontent au XIe siècle au moins et qui compte des parentés dans tout l’Empire ainsi que dans beaucoup de familles nobles ou régnantes d'autres pays. Son enfance se déroule entre Bruxelles et Beloeil, où se trouve le château familial. Parmi ceux à qui est confiée son éducation, seul se distingue un jésuite, le Père de La Porte, qui sait éveiller la curiosité intellectuelle du Prince. Celui-ci ne manquera d’ailleurs pas de lui témoigner une grande reconnaissance par la suite. L’essentiel dans sa formation est la lecture de livres d’histoire ou de classiques de l’art militaire qui façonnent sa personnalité, outre les valeurs de sa famille, essentiellement militaires. En toute logique, il épouse la carrière des armes et, dès l’âge de douze ans, est enrôlé comme enseigne dans le régiment de ligne de son père. Promu capitaine en 1755 et colonel-commandant en 1758, il participe à la Guerre de Sept Ans, devient général-major en 1764, et, en 1771, lieutenant général et propriétaire du régiment de Ligne Infanterie. En octobre 1789, il participe au siège de Belgrade et reçoit à cette occasion le titre de commandeur de Marie-Thérèse. 

Là s’arrête sa carrière militaire : on ne fait plus appel à ses services, et moins encore à ses connaissances en matières militaires, même si il est nommé capitaine des Trabans de la Garde impériale en 1807 et feld-maréchal l’année suivante.

Il n’a d’autre choix que les lettres pour assouvir sa passion pour les armes même s’il prend la plume à ce sujet bien avant la fin de sa carrière. On lui doit, par exemple, un Discours sur la profession des armes, rédigé à l’âge de 15 ans. Son œuvre littéraire ne se limite toutefois pas à cette thématique : le jardinage (Coup d’œil sur Beloeil, 1781) ou encore le théâtre (Lettres à Eugénie, 1774) font l’objet de son attention d’écrivain.

Son amabilité et l’élégance de son expression lui permettent de mener une vie mondaine qui l’amène à côtoyer tant les dirigeants les plus importants de son temps (Catherine II, Joseph II, Frédéric II, etc.) que les philosophes (Voltaire, Rousseau, Diderot, etc.).

La mort de Joseph II et l’implication supposée du prince dans le déroulement de la Révolution brabançonne le fait s’éloigner un temps de la cour d’Autriche tandis que la Révolution française lui ferme définitivement les portes de celle de France. Sa haine des révolutionnaires n’est en effet pas feinte et il doit d’ailleurs prendre la route de l’émigration après la bataille de Fleurus (26 juin 1794) qui marque la fin de l’Ancien Régime dans nos régions. Il ne reverra d’ailleurs plus ni Beloeil ni Bruxelles et s’installe définitivement dans une demeure achetée en 1783 et située sur le Kahlenberg, alors un peu en dehors de Vienne.

Cet exil loin de ses terres d’origine ne le rend pas inactif. Dès 1795, il se met à publier les premiers volumes de ses Mélanges militaires, littéraires et sentimentaires mais il ne connait le succès qu’en 1809, avec la publication par Madame de Staël des Pensées et réflexions du Maréchal-Prince de Ligne. Il voit avec plaisir le Congrès de Vienne commencer et, toujours mondain, participe aux bals et soirées de la capitale autrichienne. Auteur du célèbre « Le congrès danse beaucoup, mais il ne marche pas », il annonce sa propre mort par ce trait d’esprit : « Il manque encore une chose au Congrès : l'enterrement d'un feldmarschall, je vais m'en occuper. ». Il meurt le 13 décembre 1814 des suites d’un refroidissement attrapé lors d’un rendez-vous amoureux. Enterré deux jours plus tard au Kahlenberg, sa dépouille est suivie par un parterre de rois.

Archives de l'Académie royale de Belgique :

15112 : Lettre du ministre de l'intérieur au secrétaire perpétuel, 20 septembre 1847. Un moulage du buste appartenant à la Bibliothèque royale pourrait être exécuté pour l'Académie.

Publications :

Bulletin, XV, 1°, p. 121 (séance du 6 mars 1851) : Géruzet offre un buste du prince de Ligne à l'Académie.
Devigne, M., Laurent Delvaux et ses élèves, Bruxelles, 1928, p. 113-120.

Van Lennep J., Trois bustes de la comédienne Angélique d'Hannetaire par Gilles Lambert Godecharle, in Bulletin des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles, 1989-1991/1-3, p. 377, 380.

Van Lennep J., Catalogue de la sculpture. Artistes nés entre 1750 et 1882. Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 1992, p. 215-236.
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, Bruxelles, 1993, p. 326-327.

Expositions :

Salon de la Société pour l'encouragement des beaux-arts, Bruxelles, 1827, n° 373 (marbre).
Exposition de faïences et porcelaines bruxelloises, Palais d'Egmont, Bruxelles, 1923, n° 17 (plâtre inv. 1408 des Musées royaux des beaux-arts de Belgique).

 

Gilles Lambert Godecharle

Le sculpteur Gilles Lambert Godecharle est né à Bruxelles le 2 décembre 1750 et y est décédé le 24 février 1835.

Né au sein d'une famille d'artistes, les quelques leçons de dessin reçues à Bruxelles chez le graveur Jean Dansaert auraient décidé tout jeune de sa vocation.

L’apprentissage de Godecharle commence en Belgique (sa plus ancienne œuvre connue est une copie réduite, finie avec un soin extrême, en marbre, d'un lion sculpté d'après l'antique par Delvaux qui fut son premier maître). À 21 ans, il quitte Bruxelles pour Paris où il travaille chez Tassaert, le sculpteur du roi. Grâce à la protection de l'ambassadeur d'Autriche en France, de Mercy-Argenteau, il entre à l'École académique sous la protection du sculpteur Pigalle. En 1775, il suit à Berlin son maître nommé sculpteur de la cour de Prusse. Deux ans plus tard, il est à Londres, puis à Rome. Pressenti pour orner le Parc de Bruxelles d'un monument qui serait en même temps une fontaine, il rentre en Belgique ; il est également nommé sculpteur de la cour des gouverneurs autrichiens et, comme beaucoup d'artistes de l'époque autrichienne, il adhère à la franc-maçonnerie.

Il a trente ans et déjà il atteint l'apogée de son talent.

Il travaille beaucoup : il sculpte sur le fronton de la façade de l’actuel palais de la Nation, une allégorie de la Justice récompensant la Vertu, protégeant la Faiblesse et chassant les Vices. Il réalise la décoration sculptée du château de Laeken récemment érigé pour les nouveaux gouverneurs des Pays-Bas autrichiens : le fronton, les bas-reliefs placés à la base de la coupole dans la salle du dôme ou rotonde, une suite de six bas-reliefs dans une salle de l'aile gauche, une ou deux figures isolées et les deux sphinx placés à la base du perron. En 1786-1787, pour l'église Saint-Jacques-sur-Coudenberg, il sculpte les statues de L'Église et de La synagogue ainsi que trois bas-reliefs : L'adoration des bergers, La Cène et La mise au tombeau.

Sous le Premier Empire, Godecharle fait beaucoup de copies d'œuvres françaises pour décorer des jardins. C’est le cas des jardins du château de Wespelaar, près de Louvain, des jardins botaniques de Gand et Leyde, de Loppem, Laeken, Haarlem, etc. Tout en travaillant et en produisant beaucoup, il enseigne à l'Académie des beaux-arts et a quelques élèves particuliers.

Son œuvre d'un classicisme impeccable n’est pas dépourvue de vie, de grâce et de mouvement.

Les musées royaux des beaux-arts de Belgique comptent, dans leurs collections, nombre de bustes de sa main. Certains ont été acquis en 1898, de Mme Vve Edmond Willems, parmi un ensemble de sculptures de l’artiste (inv. 3469 à 3513) qui décoraient le parc du château de Wespelaer ; un nombre considérable de statues et de groupes ainsi que trente-sept bustes d'hommes célèbres y ont été placés de 1791 à 1822. Tous sont en pierre d'Avesne dite de France.

Le sculpteur a fait de lui-même un portrait d'une sincérité émouvante, un buste signé et daté de 1822, conservé aux musées royaux des beaux-arts de Belgique.

Le parc de Bruxelles compte deux sculptures de chasse à l’entrée côté palais royal, ainsi que les allégories « le commerce et la navigation », « les arts et la science », deux groupes de gamins dodus, à l’intérieur du Parc.

    
 

 

Buste,

plâtre, 

H. 82, L. 56,5 P 36

Inv. ARB 47.

Photos :

L. Schrobiltgen (buste du prince de Ligne – Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux Arts); S. Gallée (deux allégories – Parc de Bruxelles)

 

Autres exemplaires du buste

Le buste en marbre (l’original) appartient à la famille des princes de Ligne, château de Beloeil. Il est daté de 1827.

Le buste appartenant à la Bibliothèque royale a été cédé aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (inv. 10780) : H 64,5 L 56,5 P 36. Ces Musées conservent un moulage (inv. 1408) fait d'après le modèle de la Bibliothèque royale en même temps que l'exemplaire de l'Académie, lequel est un don du lithographe Jules Géruzet à l’Académie.

Un autre exemplaire en plâtre se trouvait au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes, d’où il disparut au cours de la Seconde Guerre mondiale.