Buste de Victor Horta

Eugène-Jean De Bremaecker

Victor Horta

(Gand, 1861 - Bruxelles, 1947)

 

L’architecte Victor Horta naît le 6 janvier 1861 à Gand. Son père est cordonnier. À 12 ans, le jeune Victor s’inscrit à la section d'architecture de l'Académie des Beaux-Arts de Gand tout en poursuivant ses études à l'Athénée Royal de sa ville natale.

Cinq ans plus tard, en 1878, il entre, à Paris, dans l'atelier d'un architecte décorateur : Jules Debuysson. Même s’il doit y mettre fin prématurément – il revient en Belgique suite au décès de son père en 1880 –, ce séjour le marquera durablement[1].

Il se marie à 20 ans et déménage alors à Bruxelles, où il s'inscrit à l'Académie Royale des Beaux-Arts et entre en stage chez l’architecte favori de Léopold II, Alphonse Balat (Musée d'Art ancien de Bruxelles, rue de la Régence, Serres royales de Laeken, …), à qui il vouera une admiration indéfectible[2].

Lauréat du premier prix Godecharle d'architecture avec un projet de Parlement (1884), il construit l’année suivante trois maisons, rue des Douze Chambres à Gand.

En 1887 il remporte, avec un projet de musée d'Histoire naturelle, le concours triennal organisé par l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles pour ses anciens étudiants.

En 1889, il se rend à Paris pour visiter l'exposition universelle (Tour Eiffel, Galerie des Machines).

Grâce à Alphonse Balat, il reçoit commande d'un pavillon destiné à abriter une sculpture de Jef Lambeaux, Les Passions humaines.

En 1890, année de la naissance de sa fille Simone, il construit la maison Matyn, 50 Rue de Bordeaux à Saint-Gilles (Bruxelles).

En 1892, il devient professeur à la Faculté Polytechnique de l'ULB – il démissionnera en 1911 –, et deux ans plus tard, président de la Société Centrale d'Architecture de Belgique.

Un événement capital de la vie de Horta est son entrée, en 1888, dans la loge des Amis Philanthropes[3]. Il va y fréquenter des hommes de science — la plupart sont des professeurs à l'Ecole polytechnique de l'Université libre de Bruxelles —, bourgeois progressistes passionnés de sciences appliquées et de techniques nouvelles : Emile Tassel, Charles Lefébure, Charbo, Autrique. Toute sa vie, Horta gardera la nostalgie de ce creuset d'idées, de ces discussions passionnées avec ceux qui seront aussi ses premiers clients, et lui permettront ainsi de matérialiser son art.

En 1893 Victor Horta amorce la prodigieuse décennie au cours de laquelle s'affirme le langage qui lui est propre, une architecture « sortie de [lui]-même et n'ayant rien emprunté à personne » (Mémoires), logique et fonctionnelle, délivrée des styles et basée sur une utilisation novatrice de matériaux connus, comme le verre, et à l'emploi de matériaux nouveaux jugés alors peu nobles, comme le fer apparent, qui fait une entrée fracassante dans l'architecture privée, et révolutionne l'espace intérieur de la maison de ville.

Après la maison Autrique (266 chaussée de Haecht), la maison Tassel (6 rue Paul Emile Janson) apporte la consécration internationale au jeune architecte : l'avant-garde européenne vient contempler cette façade parfaitement articulée et harmonieuse, où la nature métallique des supports est affirmée par des boulons et des rivets. L'architecte français Hector Guimard s'en inspirera pour son Castel Béranger (1892) à Paris.

En supprimant les cloisons grâce aux structures portantes métalliques, Horta ouvre l'espace et fait descendre la lumière zénithale, filtrée par des vitraux, au cœur même de la construction, transformant la “cage” d'escalier en “puits de lumière”, nouveau centre de gravité de l'habitation. Il multiplie les dénivellations et les demi-étages pour créer des espaces continus et une circulation fluide.

Victor Horta déploie une incroyable activité. Il mène tous ces chantiers de front, et applique un principe qui sera un des fondamentaux de l’Art nouveau : celui de l’unité complète de l’œuvre. L’architecte prend tout en charge, du gros oeuvre à la décoration intérieure (sols, menuiserie, serrurerie, vitrerie et vitrail, peinture, tapisserie et papier-peint) et jusqu’au mobilier. Car Horta conçoit chaque demeure depuis la première pierre jusqu'au moindre détail de l'aménagement intérieur… Les travaux d'achèvement s'échelonnent sur plusieurs années.  

Les commandes se succèdent et ses œuvres les plus emblématiques s'enchaînent :

1894 : Maison Frison, 37 rue Lebeau à Bruxelles et Hôtel Solvay, 224 avenue Louise à Bruxelles

1895 : Hôtel Van Eetvelde, 4 avenue Palmerston à Bruxelles (agrandi en 1898-1901). 

1898 : Maison du Peuple, 12 place E. Vandervelde à Bruxelles (démolie en 1965-66). 

Jardin d'Enfants, 40 rue Saint-Ghislain à Bruxelles. 

Hôtel Deprez-Van de Velde, 3 avenue Palmerston à Bruxelles.

Maison et atelier, 23-25 rue Américaine à Saint-Gilles (devenus Musée Horta en 1969).

1899 : Hôtel Aubecq, 520 avenue Louise à Bruxelles (démoli en 1950) et Maison Carpentier à Renaix.

1900 : Magasins « À l'Innovation », rue Neuve à Bruxelles (détruits par un incendie en 1968).

1901 : Hôtel Roger, 459 avenue Louise (totalement modifié), Maison Dubois, 80 avenue Brugmann et Maison Braecke, 31 rue de l'Abdication à Bruxelles.

1902 : Hôtel Max Hallet, 346 avenue Louise.

Chaque demeure est élaborée sur mesure, s'adaptant parfaitement au mode de vie de ses habitants : ainsi de l'hôtel Tassel, conçu pour un professeur de géométrie descriptive qui était célibataire et amateur de photographie, ou de l'hôtel Solvay, ou encore de l’hôtel van Eetvelde (1895) qui est, sans doute, l'œuvre la plus aboutie de Horta. La façade, où le fer est dominant, reflète la disposition intérieure d'une rare originalité : l'entrée, reportée sur le côté, donne accès par un corridor oblique à un salon octogonal central, serre magique irradiée de lumière, par rapport à laquelle s'articulent les salons de réception en façade et à l'arrière.

La parfaite maîtrise de Horta lui permet d'atteindre la monumentalité bien qu'il travaille le plus souvent sur des surfaces réduites.

Le jeu des lignes en courbe et contrecourbe de la décoration souligne la force organique de son architecture et accentue la continuité des espaces intérieurs. Le décor se développe, comme une plante, du bas vers le haut et se termine en un soubresaut dynamique : le célèbre « coup de fouet ». Mais il est abstrait, dépouillé de toute connotation végétale réaliste : « à la plante j'emprunte la tige et je jette la feuille » (Horta, cité par Hector Guimard). La décoration doit renforcer les structures en les assouplissant ; en aucun cas elle ne peut les dissimuler. La recherche de la beauté formelle s'allie à une notion nouvelle à l'époque, le confort : perfection des systèmes de chauffage central, raffinement des appareils d'éclairage (d'abord au gaz, puis à l'électricité), ingéniosité des bouches de ventilation... C’est le triomphe d'une architecture hyper personnalisée … coûteuse en temps et en argent.

Mais Horta est tout aussi capable de conduire très économiquement un chantier lorsque les moyens limités de ses clients l'y obligent, comme pour les maisons construites pour ses amis le sculpteur Pieter Braecke (rue de l'Abdication) en 1901, et l’écrivain Sander Pierron (157 rue de l'Aqueduc) en 1903.

C’est aussi le cas pour la Maison du Peuple, une commande de 1898. La nouvelle Maison du Peuple de Bruxelles, symbole de l'ascension du jeune Parti Ouvrier Belge va offrir à Horta l'occasion de mettre son invention créatrice au service d'un programme nouveau : « un palais qui ne serait pas un palais mais une maison où l'air et la lumière seraient le luxe si longtemps exclu des taudis ouvriers » (Mémoires).

Avec les années, la pierre reprend progressivement, en façade, le pas sur le fer : extension de l'hôtel van Eetvelde (2 avenue Palmerston, 1898), maison-atelier du sculpteur Fernand Dubois (80 avenue Brugmann, 1901), hôtel Roger-Verstraete (459 avenue Louise, 1901) et surtout hôtel Aubecq (520 avenue Louise, 1900) dont la façade est une véritable sculpture (en partie démontée lors de la démolition de l'immeuble en 1950).

Si l'inspiration de Horta, plus conventionnelle dans l'hôtel Max Hallet (346 avenue Louise, 1903) semble s’essouffler, les commandes continuent d’affluer:

En 1906, Horta construit à Bruxelles les magasins Waucquez (20 rue des Sables, aujourd'hui Centre Belge de la Bande dessinée) et les Magasins Anspach, rue Grétry à Bruxelles (démolis), ainsi que le Grand Bazar Anspach à Francfort-sur-le-Main en Allemagne (démoli).

Toujours à Bruxelles, les magasins Hiclet (rue Neuve) et Wolfers (11 rue d'Arenberg) voient le jour respectivement en 1907 et 1909, ainsi que L'Innovation, place du Meir à Anvers (1906).

Après son divorce en 1906, Victor Horta se remarie en 1908.

En 1912, il est chargé d'un projet de réorganisation des cours à l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, institution dont il deviendra directeur l’année suivante, pour 3 ans.

Au tournant du siècle, la carrière professionnelle de Horta commence à se développer dans la réalisation de grandes constructions d'utilité publique. En 1903, il jette sur papier les premiers plans du Musée des Beaux-Arts à Tournai (plans définitifs en 1905, achevé en 1928), et ceux de l’Hôpital Brugmann à Jette, où il défend résolument l'architecture pavillonnaire (V. Horta, L'Hôpital Brugmann à Jette-Saint-Pierre. Description du plan général et des services, Bruxelles, 1909). L’Hôpital Brugmann sera réalisé plus tard (1923) mais Horta aura du abandonner le projet initial en raison de la réduction du nombre de lits.

La guerre de 1914 vient interrompre ces importants chantiers : Horta, en voyage à Londres pour un congrès, ne peut rentrer en Belgique ; il passera les années 1915-1918 aux Etats-Unis où il donne des cours (George Washington University) et des conférences (Archeological Institute of America – Loeb Fondation).

Son retour en janvier 1919 l’amène dans une Belgique radicalement transformée par la Grande Guerre.

Si, d’un côté, la difficulté technique des grands chantiers de l’après la guerre semble décupler l’ingéniosité et la créativité de l’architecte, de l’autre, la multiplication des intermédiaires, le lenteur et la pesanteur des procédures des chantiers publics l’épuisent.

En 1919, il vend maison et atelier personnels de la rue Américaine et dessine les premiers plans du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (inauguré en 1928). Il devient professeur à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts d'Anvers.

La grande œuvre qui mobilise la seconde partie de la carrière de Victor Horta est le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (aujourd'hui Bozar).

L'initiative – installer un palais des expositions en ce lieu central de la ville – est soutenue par le ministre des Travaux publics de l'époque, Edouard Anseele. Véritable tour de force, le PBA doit être édifié en contrebas du Parc royal, sur un terrain particulièrement ingrat par sa forte pente et soumis à des servitudes de hauteur. Contrainte supplémentaire : la Ville de Bruxelles, propriétaire du terrain, exige de maintenir des magasins en façade. Le projet de Horta échoue devant le Sénat en 1920 : son coût est jugé trop élevé. Une société privée prend alors le relais, à l'initiative du mécène et banquier Henry Le Bœuf. Le contrat est signé en 1922. Stimulé par la difficulté, Horta organise à flanc de coteau, sur trois niveaux, l'immense complexe comprenant la grande salle de concert, la salle de musique de chambre, des galeries d'exposition de peintures et un grand hall de sculptures. L'architecte a, cette fois, recours au béton armé. La grande salle de concert, remarquable par son acoustique, est conçue selon un plan ovoïde « telle la caisse d'un violon » (V. Horta, Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles du point de vue architectural, dans Cahiers de Belgique, 1928, p. 7-52). L'inauguration a lieu le 4 mai 1928.

En 1925, Victor Horta réalise le Pavillon d'honneur de la Belgique pour la célèbre Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes à Paris.

La même année, il est élu Directeur de la classe des Beaux-Arts de l’Académie royale des Lettres, des Sciences et des Beaux - Arts de Belgique, après en avoir été successivement élu correspondant en 1913, puis membre en 1919. Il sera également membre de la Commission royale des Monuments et des Sites ainsi que Membre correspondant à l'Institut de France.

En 1932, Horta est élevé au titre de baron.

Cependant, ses honneurs ne l’empêchent pas de ressentir douloureusement, comme une injustice, le succès des « Modernistes » et le jugement que l'on porte sur l'œuvre de ses débuts, alors dépréciée et oubliée. Le succès grandissant d'Henry Van de Velde et le rayonnement de l'Institut supérieur des Arts décoratifs de l'Etat (la Cambre), créé en 1926, sont particulièrement intolérables pour Horta car, selon lui, l’architecture y est « mise à la remorque des arts décoratifs » (Mémoires).

Les autres travaux dans la zone du Mont des Arts qui occupent la fin de sa vie sont pour lui source de déception : faillite d'un vaste projet immobilier en 1928 (Municipal Development), projet non réalisé d'écoles communales dans la rue des Sols (1929), interminables tergiversations sur la Jonction Nord-Midi qui retardent le projet d'une Gare Centrale, dont il a été chargé dès 1910 (projet définitif en 1937) mais dont il ne verra jamais l’achèvement : il sera mené à terme par l'architecte M. Brunfaut et inauguré en 1952.

En 1939, il entame la rédaction de ses Mémoires mais, bouleversé par la mort de sa fille, il les interrompt. Il décide d’envoyer une partie de ses archives au pilon (1945).

Victor Horta meurt à Bruxelles le 8 septembre 1947.

Archives de l'Académie royale de Belgique :

15147 : Ce buste est un dépôt par l'Administration des Beaux-Arts (inv. 6034) en 1949.

Publications :

André, P., Eugène De Bremaecker sculpteur de vie, in L'art belge, n° 5, mai 1935, p. 18.
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, 1993, p. 262-263.

Annuaire : Notice par P. Poirier ; portrait photographique, 1968, p. 235.

Nouvelle Biographie nationale : Notice par Cécile Dulière, t. I, p. 172.

Cent cinquante ans de vie artistique, 1980, p. 182.

Dhuicque, E., Discours prononcé à ses funérailles, Bulletin Beaux-Arts,1947, p. 45.

Puttemans, P., L’héritage de Victor Horta, 1968, p. 271.

Mémoires Beaux-Arts : coll. 8° : Victor Horta.

Questions d’architecture et d’Urbanisme. Textes choisis, 3e série, t. XI.

Actes du colloque Horta, Académie royale de Belgique.

Europalia 1996, Palais des Académies, 20 novembre 1996, 3e série, t. XII.

Eugène-Jean De Bremaecker

 

Le sculpteur, statuaire et médailleur Eugène Jean de Bremaecker est né à Bruxelles, le 14 juillet 1879 et mort à Ixelles, le 18 janvier 1963. 

Il est surtout reconnu aujourd'hui pour ses nombreux bustes (pas moins de deux cent cinquante) ainsi que pour une remarquable série de danseuses art-déco.

Après des débuts qualifiés par l’intéressé lui-même de précoces[1], il reçoit ses premières leçons de Victor Rousseau, et devient l’élève de Julien Dillens à l’Académie de Bruxelles. Il se forme aussi en autodidacte et étudie par lui-même d’autres grands maîtres[2]. Il visite les salons et les expositions, connaît les œuvres de ses contemporains, comme Jef Lambeaux. Très sensible à la tradition de la culture belge, e.a. du Nord du pays, il occupe une position charnière entre le XIXe siècle dont il tire sa manière de travailler naturaliste et particulièrement expressive, et la première moitié du XXe siècle où il réalise la partie la plus significative de son œuvre.

Outre son activité artistique, il s’intéresse très tôt aux nouvelles techniques de son temps : la photographie[3] (il réalise de nombreux clichés pendant la Première Guerre mondiale3), le télégraphe (il travaille à l’amélioration de la télégraphie sans fil avec Marconi à Broomfield en 1904).

Dès 1903 – il a 25 ans – il reçoit commande de l’État belge d’une statue de 5.50 m pour l’exposition de Saint-Louis aux États-Unis.

Parmi ses nombreux bustes-portraits officiels figurent les bustes du roi Albert Ier (réalisé en 1923 et exposé au musée Belle-Vue à Bruxelles), de la reine Élisabeth, du prince Léopold, futur roi Léopold III (réalisé en 1922 au palais de Bruxelles à Fontainebleau), de la reine Astrid, du prince Charles, comte de Flandre, lorsqu’il exerce la régence du royaume.

Il réalise des bustes du cardinal Mercier (modelé à l’archevêché de Malines), de Camille Huysmans, homme d’État avec qui il entretient une correspondance, d’Adolphe Max, bourgmestre de Bruxelles, ou encore de l’écrivain Maurice Maeterlinck, de l’architecte Victor Horta, et de quantité d’autres personnalités de son temps, illustres ou moins connues.

Il réalise également des médailles et des bas-reliefs.

Il est l’auteur, e.a., de la médaille du roi Édouard VIII, ce qui lui vaut d’être nommé à cette époque membre correspondant de la Royal Society of Arts de Londres.

Ses œuvres font partie du paysage des villes belges, tel le bas-relief monumental, La Reine Élisabeth de Belgique soignant un blessé, pour le monument du roi Albert Ier à Nieuport, ou cet autre bas-relief, également frappé en médaille, commandé par le Fond Reine Élisabeth pour l’Assistance Médicale aux Indigènes du Congo belge. À Bruxelles, ses œuvres sont entrées dans les collections du musée d'Afrique centrale à Tervuren (Esclave), du musée de l'Armée (bas-reliefs des Généraux). On trouve également ses œuvres dans la Capitale belge (monument aux gendarmes tués en service commandé, mémorial Puccini, monument au général Dossin dans le parc de l'abbaye de la Cambre, monument Cauderlier au cimetière d'Ixelles), ou encore dans certaines églises (une Vierge en bois grandeur nature à l'église de l'abbaye de la Cambre, une autre à l'église de la Faisanderie à Stockel).

Son talent s’exerce aussi dans la réalisation de danseuses (statues, statuettes ou bas-reliefs), qui susciteront un enthousiasme immédiat tant des critiques que du public, et lui vaudront de multiples commandes.

Rompant avec une représentation de la femme du XIXe un peu lourde, il rend hommage à « l'éternel féminin » – titre d'une de ses œuvres –, par des lignes fluides et mouvementées, une grâce aérienne des corps suspendus dans la perfection du mouvement dans l'instant, à la limite entre le réel et l'imaginaire : Danse folle ; Salomé (patine bronze)

Plusieurs de ses œuvres sont également entrées dans des édifices publics à Paris : au Musée du jeu de Paume (Vers la joie ou La Danseuse aux cymbales), à l'Institut de France (buste du cardinal Mercier), à l'Opéra (Félia Litvine), à l'hôtel-Dieu (buste de la Reine Astrid), à l'hôpital Saint-Louis (bas-relief du Dr Levy), au Musée national d'art moderne,...

Eugène de Bremaecker bénéficiera régulièrement de l’attention des journaux en Belgique comme en France (la Dernière Heure, la Nation belge ou Le Soir pour la Belgique, et Le Temps ou Le Petit Parisien, pour la France).

Son activité créatrice ne tarit pas avec le temps : il vit jusqu’à ses derniers jours pour l'art auquel il voue toute sa passion et son enthousiasme. Après ses ateliers en région parisienne (Neuilly, rue Jacques Dulud) et à Bruxelles (avenue Longchamp, aujourd'hui avenue Winston Churchill), il se fixe à Schaerbeek. En 1952, il réalise pour cette commune le groupe Pelleas et Mélisande, inspiré de la scène du puits (aujourd’hui dans les couloirs de la Maison communale).

Dans un genre tout à fait différent, il sculpte des statues en bois présentant les hommes des métiers du bâtiment, tels l'architecte et le maçon, aujourd'hui dans le hall d'entrée du n°12 rue de l'Étuve, près de la Grand'Place de Bruxelles (visibles de l'extérieur).

Il meurt le 18 janvier 1963 à l’hôpital d’Ixelles.

 

[1] « À cinq ans, j’étais déjà sculpteur en herbe ! Je modelais Dieu sait comment ! Malgré ces dispositions de mon jeune âge, mon père voulut que j’entre à l’Académie de Saint-Josse pour y faire l’ornementation. J’y entrai … et au bout d’un mois j’y faisais de la sculpture ! J’allais ensuite à l’Académie de Bruxelles sur les conseils du maître Dillens. C’était en 1900. L’année suivante, j’étais reçu au Salon de Bruxelles. » 2.

[2]  « Mais, lorsqu’on sort de l’Académie, que sait-on ? Tout au plus l’orthographe ! ... Il faut apprendre le métier. L’étude des anciens et des modernes s’impose d’elle-même. Je me suis consacré à leur étude. J’ai aimé Carpeaux surtout, le plus beau des sculpteurs. J’ai passé des heures, des semaines, des mois au Louvre, à tel point que les gardiens me désignaient entre eux de la jolie appellation de Le Maniaque. Peu à peu, je me suis fait une conviction, j’ai travaillé ».

[3] À peine âgé d’une douzaine d’années, sur la plage de Heist, il prend des photos du roi Léopold II qui s’adresse à lui pour l’encourager dans cette voie.

Buste,

marbre, 
Ht 60,5 H 51,5 L 58 P 32,5

Signature et date sur la tranche de l'épaule droite :
Eug. J. De Bremaecker / 1932

Inv. ARB 15.
État (1948) inv. 6034 - acquisition autorisée par le ministre le 14 octobre 1947.

Photos Luc Schrobiltgen