Lettre à Paul Henri Spaak, 19 août 1963
The White House
Washington
August 19, 1963
Dear Mr. Minister :
I send you many thanks for your generous message of sympathy. You were very kind to think of us at this difficult time, and your message was a comfort to us. Mrs. Kennedy and I are very grateful to you.
Sincerely,
John Kennedy
His Excellency
Paul-Henri Spaak
Minister of Foreign Affairs of Belgium
Brussels, Belgium
[traduction]
Maison Blanche
Washington
19 août 1963
Monsieur le Ministre,
Je vous remercie beaucoup pour votre généreux message de sympathie. Vous avez été très aimable dans ces moments difficiles et votre message a été un réconfort pour nous. Madame Kennedy et moi vous en sommes reconnaissants.
Cordialement,
John Kennedy
Son Excellence
Paul-Henri Spaak
Ministre des Affaires étrangères
Belgique
Nous ne possédons pas la minute de la lettre de Paul-Henri Spaak mentionnée ci-dessus. Toutefois, il est fort probable qu’il s’agissait d’une lettre de condoléances conçue à la suite de la mort de Patrick Bouvier Kennedy, dernier enfant du couple présidentiel américain. Cet enfant était né prématurément le 7 août 1963 et mourut deux jours plus tard.
Le ministre des Affaires étrangères belge et le président américain entretenaient des relations très cordiales et des vues assez similaires dans quantité de dossiers internationaux comme la question du Congo, les relations avec l’URSS (questions des missiles cubains, essais nucléaires, etc.) ou encore la construction européenne avec une méfiance commune envers le général de Gaule1. En janvier 1963 d’ailleurs, Kennedy remercia Spaak pour son attitude « très constructive » lors de plusieurs crises internationales tout en l’assurant qu’il continuerait à lui demander « aide et assistance » à l’avenir. Après l’attentat de Dallas, le Secrétaire d’Etat Dean Rusk confia même à l’ambassadeur de Belgique à Washington : « je dois vous dire en quelle chaleureuse amitié le président Kennedy tenait M. Spaak. Il l’admirait en tant qu’un des principaux hommes d’État de l’Occident »2.
CARTY T. J., A Catholic in the White House ? : religion, politics, and John F. Kennedy's presidential campaign, New York ; Basingstoke [etc.] : Palgrave, 2004, IV-215 p.
DALE SCOTT P., Deep politics and the death of JFK, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 1993, IX-413 p.
KASPI A., John F. Kennedy : une famille, un président, un mythe, Waterloo, André Versaille, 2013, 345 p. (coll. Histoire, 151).
MARTINEZ F., John Fritzgerald Kennedy, Éditions Perrin, 2013, 340 p.
PERRET G., Kennedy, une vie comme aucune autre, Paris, Éditions Encre de Nuit, 2003, 415 p. (coll. Document).
SNEGAROFF T., Kennedy. Une vie en clair-obscur, Paris, Armand Colin, 2013, 240 p.
TOUZE V., Comment Kennedy évita la Troisième guerre mondiale. Octobre 1962 : journal de la crise des missiles, Bruxelles, Versaille [André], 2012, 223 p. (coll. Les coulisses de l’histoire).
John Fitzgerald Kennedy
Né à Brookline le 29 mai 1917, assassiné à Dallas le 22 novembre 1963. Élu président des États-Unis le 22 novembre 1963.
John Fitzgerald Kennedy naquit dans un milieu aisé. Son père (Joseph Patrick) était un homme d’affaires ayant fait fortune durant les années 30 tandis que sa mère (Rose Fitzgerald) était la fille de John Francis Fitzgerald, maire de Boston. John reçut une éducation soignée. Il fit notamment partie de la London School of Economics, de l’Université de Princeton et de Harvard. Des problèmes de santé l’empêchèrent toutefois de persévérer dans les deux premières institutions. Au sein de la troisième, il conçut un mémoire de fin d’études portant sur Neville Chamberlain et les accords de Munich. Ce travail fut publié grâce à l’aide financière de son père.
Durant la guerre, quoique déclaré inapte à rentrer dans l’armée dans un premier temps du fait de ses problèmes de santé (dos fragile, maladie d’Addison), il réussit à intégrer plusieurs navires de la flotte américaine de l’océan pacifique. Il y devint même lieutenant et se signala par sa bravoure à plusieurs reprises, ce qui valut plusieurs décorations. Après la guerre, vu les positions politiques de son père (favorable à un maintien de la paix avec Hitler) et la mort de son frère aîné, tous les espoirs du clan Kennedy se reportèrent sur lui. Il se fit élire à la chambre des représentants en 1946 sous l’étiquette du Parti démocrate. Il se fit réélire en 1948 et en 1950. Il brigua un siège de sénateur deux ans plus tard et l’emporta de peu face au candidat républicain. Il ne s’opposa pas au sénateur Mac Carthy du fait des liens étroits liant ce dernier à la famille Kennedy, qui lui fut vivement reproché par les démocrates les plus connus.
Il posa sa candidature à la succession du président Eisenhower en janvier 1960. Il remporta les élections primaires dans certains états clés et obtint la nomination de son parti. Son adversaire républicain n’était autre que Richard Nixon. Le débat télévisé tourna nettement en faveur du candidat démocrate mais il n’emporta la présidence que d’extrême justesse. Il entra en fonction le 20 janvier 1961. En politique intérieure, il tenta d’améliorer le sort des classes modestes et lutta contre la ségrégation. Il apporta son soutien à Martin Luther King qu’il rencontra en 1963 lors de la marche sur Washington. Il dut malheureusement composer avec un congrès hostile, quoique dominé par les démocrates. Sur le plan international, sa courte présidence fut principalement marquée par les relations tendues avec l’URSS. Il lança d’ailleurs un couteux programme d’armement en mars 1961 même si il créa les Corps de la Paix durant le même mois. Il tenta de renverser Fidel Castro mais ce fut un échec considérable connu sous le nom de l’ « invasion de la baie des cochons ». L’année suivante, des avions espions américains photographièrent la construction de sites de missiles soviétiques sur la même île. S’ensuivit une grave crise qui faillit dégénérer en confrontation nucléaire. Kennedy eut l’intelligence de ménager la susceptibilité de Khrouchtchev tout en restant ferme. L’humanité évita un holocauste et, deux ans plus tard, un « téléphone rouge » fut mis en place entre la Maison Blanche et le Kremlin. Si Kennedy se montra ferme sur la question cubaine, il ne s’opposa toutefois pas à la construction du mur de Berlin en août de la même année. En octobre 1963, il réussit également à signer un Traité d’interdiction des essais nucléaires avec les autorités soviétiques. Il faut signaler également qu’il lança le programme lunaire américain dès sa première année de mandat, ceci afin de rattraper le retard pris sur l’URSS dans la conquête spatiale.
Le 22 novembre 1963, il fut assassiné à Dallas. Ce meurtre fut et est toujours l’objet de nombreuses hypothèses et d’autant de polémiques.