Eugène Baie
(Anderlecht, 1874 - Anderlecht, 1963)
Économiste – Écrivain
Après avoir fait des études de droit dans les universités de Genève, Paris et Oxford, il devient économiste et s'occupe principalement des relations économiques entre la Belgique et l'étranger.
Entre 1920 et 1930, Eugène Baie préside l'Institut international du Commerce, ainsi que l'Institut international de Statistique.
Parallèlement à ses activités professionnelles, il entame une carrière littéraire.
Une partie de son œuvre littéraire illustre parfaitement ses préoccupations politico-économiques : il est en effet un fervent défenseur de l'unité belge, et peut-être plus encore, un chantre du rayonnement des villes de Flandre.
Son premier livre, L'Epopée Flamande (1903), prend la défense de la sensibilité spécifiquement flamande, qui s'exprime selon lui au travers de la langue, de la législation et de la religion.
Son « ouvrage fondamental […] est sans conteste Le siècle des Gueux, sous-titré Histoire de la sensibilité collective flamande sous la Renaissance, dont il écrivit les six volumes de 1928 à 1953. » Il y célèbre non « pas le rayonnement de toute une nation, mais bien celui des villes de Flandre, et plus particulièrement d'Anvers. Se basant exclusivement sur les travaux d'historiens du XIXe siècle (Gachard, Henne, Motley, Rachfall) ou contemporains (Goris, Pirenne), il entreprit ainsi de décrire l'ensemble de la société flamande du XVIe siècle et de montrer que, malgré la séparation et l'historicité différentes, les liens culturels de la Flandre avec les Pays-Bas restaient indéfectibles. » (Aline Goossens)
Baie est célébré de son vivant pour son œuvre littéraire ; son amitié avec Maurice Maeterlinck lui vaut d’être proposé par l’écrivain comme prix Nobel de littérature (1947).
Élu le 4 janvier 1940 correspondant de la Classe des Beaux-Arts de l'Académie royale de Belgique, il en devient membre effectif le 9 janvier 1941.
A la fin de sa vie, Baie « plaida en faveur de la création et de l'extension du musée de la vie culturelle flamande à Anvers, l'Archief en Museum van het Vlaamse Cultuurleven » et « établit deux prix littéraires et artistiques, qui récompensent depuis 1965 un écrivain ou un artiste belge, ainsi qu'un ouvrage belge ou étranger sur l'art flamand. » (Aline Goossens)
Lors de la séance du 6 juin 1963, son buste est présenté à la Classe en sa présence. Il répond aux allocutions de deux confrères. C’est à Anderlecht, la commune qui l’a vu naître le 3 août 1874, qu’il décède trois mois plus tard, le 10 septembre 1963.
Publications :
Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, 1962/12, p. 196 (séance du 6 décembre 1962) : examen du modèle en plâtre exécuté par Bonnetain.
Id., 1963/3-6, p. 122, 131-139 (séance du 6 juin 1963) : le buste est présenté à la Classe en présence de Baie. Allocutions de Henry Lacoste et Pierre Poirier. Réponse de Baie.

Annuaire : Notice sur Eugène Baie par Pierre Poirier ; dessin d’Alphonse Verheyen, 1967, p. 249.
Nouvelle Biographie nationale : Notice sur Eugène Baie par Aline Goossens, t. 5, p. 27-28.
Cent cinquante ans de vie artistique, 1980, p. 275.
Bulletin Beaux-Arts : Discours de Henry Lacoste et Pierre Poirier, lors de l’inauguration de son buste à l’Académie, 1963, p. 131. Éloge funèbre par Henri Lavachery, 1963, p. 189. Brèves informations biographiques, 1964, p. 128.
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, 1993, p. 238-239.
Armand Bonnetain
Armand Bonnetain, médailleur-statuaire, est né à Bruxelles, le 24 juin 1883, et décédé à Uccle, le 24 janvier 1973.
Élève de Constant Montald, il est d’abord attiré par la peinture avant d’être happé par la sculpture et, surtout, par l’art de la médaille, qu’il découvre en suivant les cours de sculpture de Charles Van der Stappen à l’Académie de Bruxelles.
Contemporain d’Anto Carte, Paul Delvaux, René Magritte et Edgar Tytgat, Pierre Theunis et Marcel Rau, Armand Bonnetain est conquis par le genre de la médaille : elle n’est pas à ses yeux un dérivatif mineur de la grande statuaire, mais un choix pleinement assumé.
Cet artiste qui affirmait « je connais mes limites », une formule élégante qui, signifie tout aussi bien « Je sais où réside ma force » (François de Callataÿ), s’impose par un style large et aisé, à la fois puissant et délicat, où entre une grande part de psychologie. Il est un des grands maîtres de cet art en Belgique. « Une grande originalité d'Armand Bonnetain est d'avoir beaucoup recouru […], et presque systématiquement lors de ses premières années (1908-1911), au procédé de la fonte à cire perdue. Il aimait à répéter qu'« une médaille frappée à la machine était une médaille frappée de mort » et il s'était assuré de pouvoir réaliser les fontes chez lui, dans son atelier. […] Bonnetain s’inscrivit comme l’héritier de la tradition renaissante du portrait en médaille, qui fait correspondre au portrait physique du droit celui moral du revers » (François de Callataÿ).
Du portrait de l’épouse de Van der Stappen, en 1902, à la représentation du compositeur Léopold Samuel, sa dernière réalisation en 1968, Bonnetain signe près de trois centaines de médailles, ainsi que des bas-reliefs, parfois de grande taille.
Les collections des Musées des Beaux-Arts de Belgique comptent une vingtaine d’œuvres de sa main, plaquettes et médailles à l’effigie e.a. de célébrités nationales : la reine Élisabeth, Edmond Picard, Jules Destrée, Émile Verhaeren, …
À Namur, dans le parc aménagé entre 1874 et 1880 et dédié à Louise-Marie d’Orléans, il réalise avec l’architecte Jules Lalière le mémorial Félicien Rops, inauguré le 17 septembre 1933. L’intégration du mémorial dans le parc Louise-Marie témoigne d’une créativité indéniable. L’œuvre parisienne de Rops est adaptée au site dans une réalisation à la fois simple et très originale : l’architecte y reproduit l’escalier imaginé, dessiné et réalisé par Rops lui-même dans son jardin de la Demi-Lune, à Essones, près de Paris. À l’arrière de cette maison qu’il habitait à la fin de sa vie, Rops, aidé de ses deux jardiniers, utilisa les pierres ramassées sur place pour construire l’escalier qui relie deux des terrasses de ce jardin garni de roses, qui dévale de la route de Fontainebleau vers la Seine. Dans le cadre arboré du parc de Namur, l’escalier à double révolution encadre la muraille où le médaillon en bronze de Bonnetain, qui présente le profil droit de Félicien Rops, est enchâssé dans une large plaque de marbre où se lit la dédicace : 1833-1898, Félicien Rops.
Armand Bonnetain ne réalisa des bustes qu’exceptionnellement, et pour ses amis. On lui doit en qualité de statuaire, diverses représentations de Jules Destrée, l’homme politique wallon dont il était un ami proche.C’est ainsi que la tête en bronze au visage expressif de l’homme politique Paul Hymans, datée de 1933, est remise à l’Académie en 1955.
Armand Bonnetain a été élu membre de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique (Classe des Beaux-Arts) en 1945.
Plusieurs de ses oeuvres sont visibles dans les bâtiments et le jardin du Palais des Académies : tête en pierre de Jules Destrée, tête en bronze de Paul Hymans, buste d’Eugène Baie, médailles etc...
Buste,
bronze,
H 54,5 - L 44 - P 33,5
Signature sur la tranche de l'épaule droite : BONNETAIN
Inv. ARB 3.
Photo L. Scrobiltgen