Buste de Pierre Nolf

Alfred Courtens

Pierre Nolf
(Ypres, 1873 - Bruxelles, 1953)

Né à Ypres, le 26 juillet 1873 et décédé à Bruxelles, le 14 septembre 1953, Pierre Nolf fut médecin, professeur, physiologiste, administrateur, ministre des Sciences et des Arts.

Après de brillantes études au collège communal de sa ville natale, attiré par les mathématiques, la biologie et la médecine, Pierre Nolf entre à la faculté de médecine de l’Université de Liège. Admis dans le laboratoire de l’illustre embryologiste Pierre van Beneden, il en devient l’élève-assistant (1893) et lui vouera toute sa vie une admiration profonde. Quelques années plus tard, en 1909, il recueille, à titre de legs particulier, la riche bibliothèque scientifique de celui qui l'a initié à la recherche et désigné comme son exécuteur testamentaire. Il lèguera cette bibliothèque à l'Université de Liège.

En 1896, Pierre Nolf est proclamé docteur en médecine et oriente sa recherche vers la chimie biologique. Grâce à une bourse, il séjourne en Allemagne (laboratoire du professeur Kossel), puis à l'Institut Pasteur de Paris (laboratoire de chimie de Duclaux), il devient assistant à la Clinique médicale de l'Université de Liège (1897) alors dirigée par un médecin qui est un ancien élève de Théodore Schwann et de Claude Bernard, puis assistant à l'Institut de Physiologie de Léon Fredericq (1899-1914) et chargé de Cours de la Clinique médicale des Enfants (1901). Ses travaux l’amènent à s'intéresser à ce qui constituera les deux thèmes de prédilection de son travail scientifique : la coagulation du sang, et l’innervation gastro-intestinale.

La Grande Guerre interrompt ses recherches de laboratoire. En 1915, le simple chargé de cours d'Université, et tout juste quadragénaire est directeur de l'Hôpital civil pour infectieux établi à Saint-Idesbald (Coxyde). Deux ans plus tard, Pierre Nolf est placé à la tête d'un rouage sanitaire important et innovant : il est désigné médecin principal – directeur de l'Hôpital militaire Cabour à Adinkerque où il soigne malades et gazés. Établir, à quelques kilomètres des tranchées de première ligne, un grand hôpital, non pas de blessés de guerre, mais de malades et de gazés est une innovation : pris en charge après deux ou trois heures, les combattants du front atteints d'affections graves relevant de la médecine interne reçoivent dans des conditions « du temps de paix », les soins que réclame leur état. L'organisation et la ligne de conduite (agir vite et bien) de l'Hôpital Cabour va épargner à ces malades évacués du front les souffrances, l’inconfort mais aussi le danger des transports à longue distance qui, jusqu'alors, pour satisfaire aux exigences de règlements militaires désuets, se font dans des trains sanitaires d'une incroyable lenteur et au prix de nombreux transbordements dans les gares de triage. Car de la rapidité des soins dépend leur efficacité. C’est de cette époque que date la faveur méritée dont Nolf ne cessera de jouir auprès du Roi Albert Ier et de la Reine Élisabeth. Ils lui accordent une confiance qui, la guerre terminée, ne se démentira pas.

Après l’armistice, Pierre Nolf reprend à Liège ses fonctions universitaires : il est titulaire de la chaire de Pathologie générale, poursuit ses recherches sur la coagulation et sur la constitution et le fonctionnement du système nerveux moteur de l'estomac et de l'intestin.

Il crée alors, à proximité de l'Hôpital Brugmann à Jette-Saint-Pierre, la Fondation Médicale Reine Elisabeth, avec comme objectif une liaison étroite entre la clinique et le laboratoire de recherches. La Fondation médicale Reine Elisabeth sera l'œuvre de sa vie, avec pour domaines de recherche : l’endocrinologie, la biochimie du sang et de la digestion, l’immunologie, l’anaphylaxie, la physiologie des systèmes nerveux autonomes, les mesures de métabolisme, etc…

Pierre Nolf sera également ministre des Sciences et des Arts (1922-1925). Entre autres initiatives, on lui doit la Loi réformant le programme des études universitaires par la création, en facultés de Philosophie et Lettres et de Sciences, d’un grade intermédiaire entre les candidatures et le doctorat : la licence, qui donne accès à la profession et à l’enseignement dans le secondaire. Il réformera également les études de médecine en trois années préparatoires (candidatures) suivies de quatre années d'application passées à l'hôpital (doctorat en médecine). Son projet de ne conférer aux avocats et aux médecins le titre de docteur qu'au prix d'une soutenance de thèse n’aboutira toutefois pas.

Enfin, Pierre Nolf sera Président de la Croix-Rouge de Belgique de 1925 à 1945. Il y mènera à bien les grandes réformes esquissées de 1922 à 1925 par le professeur Depage et y développera les activités principales de la Croix-Rouge : service général de secours d'urgence, office national de transfusion sanguine, service d'ambulances automobiles, réforme de l'enseignement, réforme des services de mobilisation, Croix-Rouge de la Jeunesse, …

Il sera également un des artisans de la création du Fonds National de la Recherche Scientifique (FNRS), qui fait suite au vœu du roi Albert Ier : « Le public ne comprend pas assez chez nous que la science pure est la condition indispensable de la science appliquée, et que le sort des nations qui négligeront la science et les savants est marqué pour la décadence » (discours du 1er octobre 1927). « Il faut que, débarrassés des soucis matériels, les hommes de science soient en mesure de concentrer sur la recherche tout l'effort de leur pensée. Il faut que tout soit mis en œuvre pour susciter, encourager et soutenir les vocations scientifiques » (discours du 26 novembre 1927 au Palais des Académies).

Ses qualités professionnelles se doublent de qualités plus simplement humaines : son honnêteté de savant, son intégrité de caractère, son ardeur au travail, et son désintéressement sont proverbiaux, comme sa modestie, sa simplicité et sa bonne humeur. « Fidèle à ses amitiés, Nolf tenait sous le charme de sa conversation ceux qui l'approchaient et qui voyaient s'allumer dans ses yeux étonnamment vivants et expressifs la flamme d'un regard imprégné d'intelligence dont l'âge n'avait pu ternir la séduction. » (Henri Frédéricq).

Élu correspondant (Classe des Sciences) de l’Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts, le 16 décembre 1912, puis membre, le 14 juin 1919, Pierre Nolf sera Directeur de sa Classe en 1932.

Membre de l'Académie royale de Médecine de Belgique, Pierre Nolf était également titulaire du Prix quinquennal des Sciences médicales (1910) et du Prix Francqui (1940).

 

 

Archives de l'Académie royale de Belgique :

15150 : Lettre de Henri Fredericq au secrétaire perpétuel, Liège, 9 février 1955. Il a été prié de présenter le buste remis à la Classe des Beaux-Arts.

Publication :

Annuaire : Notice par Henri Fredericq ; portrait photographique, 1955, p. 3. 
Biographie nationale : Notice par A. Colard, t. XXXIV, col. 609. 
Bulletin Sciences : Hommage à sa mémoire, par Henri Fredericq, 1955, p. 411. 
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, 1993, p. 256-257.

Alfred Courtens

Le sculpteur et médailleur Alfred Courtens est né à Bruxelles le 27 juin 1889. Il est décédé à Saint-Josse-ten-Noode le 19 décembre 1967.

Alfred Courtens naît et grandit dans une famille de peintres, sculpteurs et architecte. Son père, Franz Courtens, est un paysagiste reconnu. Ses deux frères Herman et Antoine seront respectivement peintre et architecte.

Très tôt décidé à devenir sculpteur, le jeune Alfred commence sa formation à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles où il bénéficie des conseils de Charles Van der Stappen, et la poursuit à l’Institut supérieur national des Beaux-Arts à Anvers chez Thomas Vinçotte.

S’il tente en vain, à deux reprises (1909-1912) de décrocher le Prix de Rome, il gagne en 1913 le Prix Godecharle grâce à son œuvre « Caprice » représentant une nymphe rieuse chevauchant une chèvre (visible place Gilson à Watermael-Boitsfort). Par la facture en touches lumineuses, la vivacité de la pose, ainsi que l'instabilité apparente de la jeune fille qui chevauche une chèvre, l'œuvre fait écho au fauvisme brabançon dont le principal représentant est Rik Wouters.

Une exposition lui a été consacrée au musée d’Ixelles en 2012 « Alfred Courtens, sculpteur ».

Elle a révélé des facettes inédites de cet artiste principalement connu pour ses bustes d’officiels, ses portraits de la dynastie, et ses œuvres équestres monumentales ; en partant de ses dessins et de ses œuvres de jeunesse, l’exposition a dévoilé une œuvre délicate et solennelle qui reste à découvrir, de manière complète et intimiste : dessins, pastels, médailles, bas-reliefs, maternités gracieuses, figures Art Déco et portraits virils, bustes féminins et enfantins naturalistes...

Buste, bronze, 
H 53  L 56  P 32

Signature au revers sur l'épaule droite : Alfred Courtens

Inv. ARB 12.
État (1955) inv. 7513.

Photo Luc Schrobiltgen