Theodor Schwann
(Neuss, 1810 - Cologne, 1882)
La cellule, reine du monde du vivant … c’est par cette découverte que Schwann a marqué l’histoire de la biologie.
Lorsque Theodor Ambrose Hubert Schwann naît à Neuss près de Düsseldorf en Allemagne, dans les premières années du XIXe siècle – le 7 décembre 1810 -, biologistes et physiologistes considèrent dans son pays natal, comme partout ailleurs à cette époque que l’unité de base en biologie est le tissu.
Un peu moins de 30 ans plus tard, en 1839, Schwann aura révolutionné la biologie en affirmant que l'unité élémentaire fondamentale du vivant, tant végétal qu’animal, est la cellule.
Cette fameuse “théorie cellulaire”, qui fait de la cellule l’unité structurale et fonctionnelle fondamentale de tous les êtres vivants, sera à l’origine d’un puissant courant de recherche biologique, dont les biotechnologies du XXIe siècle sont incontestablement redevables.
Theodor Schwann commence ses études de médecine à l'Université de Bonn en 1829.
Il y rencontre un célèbre physiologiste et anatomiste, Johannes Peter Müller, pionnier des méthodes expérimentales en anatomie et en physiologie. Il en devient brièvement l’assistant. Schwann poursuit sa formation à Würtzbourg, puis à Berlin, où il présente sa thèse de doctorat en 1834.
Müller, alors professeur d'anatomie et de physiologie dans la même université, l'incite à faire une carrière dans la recherche et lui propose un poste d'assistant au musée d'anatomie.
Au cours des quatre années qu'il passe à Berlin dans le laboratoire de Müller – de 1835 à 1839 –, Schwann va faire plusieurs découvertes fondamentales.
En 1835, en étudiant les phénomènes digestifs, il isole dans le suc gastrique, une substance qu'il nomme "pepsine", première enzyme à être préparée à partir d'un tissu animal. Il identifie le rôle joué par les micro-organismes dans les phénomènes de fermentation alcoolique et de putréfaction.
Il entreprend des études microscopiques et physiologiques sur les nerfs, les muscles et les vaisseaux sanguins. En observant les nerfs périphériques, il décrit pour la première fois la cellule et la membrane qui entourent les filets nerveux ; depuis, ces structures portent son nom (cellule et membrane de Schwann).
Enfin, en 1839, il révolutionne la biologie en affirmant que la cellule est l'unité élémentaire fondamentale de tous les organismes vivants, c.-à-d. y compris animaux : « Les cellules sont des organismes, et […] les animaux comme les plantes sont des agrégats de ces organismes arrangés suivant des lois définies. »[1].
Pour la première fois, l’hypothèse est émise que des cellules sont présentes dans tous les tissus vivants et que tous les organismes ne sont rien d’autre qu’un assemblage de cellules. En fondant la « théorie cellulaire », Schwann ouvre les portes à la biologie générale, au développement de la physiologie et de la pathologie expérimentales, à l’étude de la transmission de la vie et donc de l’hérédité, ainsi qu’à l’embryologie.
Cette même année 1839, l'Université de Louvain invite Theodor Schwann à reprendre sa chaire d’anatomie. Le jeune chercheur accepte et se consacre, pendant les dix années qui suivent, à l’enseignement et à ses étudiants qui l’apprécient, comme en témoigne une belle lithographie que lui offrent ses élèves en juillet 1846, « en signe de reconnaissance et d'affection ».
Si sa production scientifique à Louvain paraît moindre, il fournit un important travail sur le rôle essentiel de la bile ; il observe la formation des spores de levure et conclut que la fermentation du sucre et de l'amidon est le résultat de processus vitaux.
En 1848, son compatriote et confrère Antoine Frédéric Spring, professeur de botanique à Liège, l'incite à venir dans la même université pour y prendre la chaire d'anatomie. Schwann démissionne de son poste à l'Université de Louvain pour occuper, à l'Université de Liège, la chaire d'anatomie générale de 1848 à 1858 à laquelle s’ajoute celle de physiologie humaine de 1858 à 1879.
Il étudie alors la contraction musculaire et la structure du nerf, découvre le muscle strié dans l'œsophage supérieur, et, dans les fibres nerveuses, la couche protectrice recouvrant les axones et constituant ce qu'on appelle aujourd'hui la gaine de Schwann.
C’est encore Schwann qui forge le terme de « métabolisme » pour représenter les modifications chimiques survenant dans les tissus vivants.
Enfin, en observant que l'œuf est une cellule unique qui se développe finalement en un organisme complet, il formule les principes de base de l’embryologie,.
À Liège où lui survivra une véritable école, Schwann crée un laboratoire de pointe où beaucoup d’appareils sont de son invention. Il travaille de concert avec les milieux industriels liégeois, et contribue à divers perfectionnements et inventions, dont un appareil respiratoire particulièrement utile pour des sauvetages lors d’accidents miniers.
En 1878, l’université de Liège organise une célébration internationale pour fêter ses 40 ans d'enseignement. Tous les grands noms de la science de l'époque – Billroth, Charcot, Darwin, Paget, von Recklinghausen et Virchow – s'associent à cette manifestation.
La même année, il se retire à Cologne, où il meurt le 11 janvier 1882.
À l’Académie royale des Lettres, des Sciences et des Beaux - Arts de Belgique, il est élu en 1841 correspondant régnicole dans la Classe des Sciences, il devient membre associé en 1845.
[1] Un an après que Matthias Schleiden, de l'université d'Iéna, eut proposé la théorie cellulaire en histologie végétale, Schwann étend cette conception aux animaux dans son livre Recherches microscopiques sur la conformité de structure et de croissance des animaux et des plantes "Mikroskopische Untersuchungen über die Übereinstimmung in der Struktur und dem Wachsthum der Thiere und Pflanzen" (Berlin 1839).
Archives de l'Académie royale de Belgique :
15140 : Lettre de G. Charlier au secrétaire perpétuel, 28 juin 1896. A été désigné pour exécuter le buste. – Lettre du ministre de l'Agriculture au secrétaire perpétuel 6 janvier 1897. Le modèle du buste est achevé. – Id., 24 septembre 1897. Charlier a terminé le marbre.
Publications :
Bulletin XXXIII, p. 144 (séance du 4 février 1897).
Van Lennep, J., Les Bustes de l'Académie royale de Belgique, Mémoire de la Classe des Beaux-Arts, collection in-8°, 3e série, tome VI, 1993, p. 252-253.
sur les monuments de Charlier à Gallait, Bara, et Delmée : http://connaitrelawallonie.wallonie.be/fr/etiquettes/charlier-guillaume#.WiF5yUriZPZ
Guillaume Charlier
CHARLIER (Guillaume-Joseph),
Sculpteur, né à Ixelles le 2 août 1854, et décédé à Saint-Josse-ten-Noode le 15 février 1925.
Guillaume Charlier est le fils aîné d'une famille nombreuse. Lorsque son père, un modeste conducteur de travaux[1], meurt en 1870, Guillaume a 15 ans et doit travailler pour soutenir sa famille. Apprenti chez un modeleur, il devient aide-praticien dans l’atelier de sculpture des frères Geefs. Mais il passe le plus clair de son temps à dégrossir des monolithes de marbre, et part bientôt pour l’atelier d’Eugène Simonis, autre sculpteur fameux de l’époque, où il commence à travailler pour lui-même. Il poursuit en parallèle une formation le soir à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles.
En 1880, Henri Van Cutsem, collectionneur d'art et mécène[2], achète ses premières œuvres. Il le soutiendra toute sa vie. La vente d'un groupe — Le Déluge — permet à Charlier de partir à Paris où il suit, de 1880 à 1882, les cours de l'Ecole des Beaux-Arts. Il rentre alors à Bruxelles et travaille à l'atelier libre de Van der Stappen.
En 1882, il gagne le Premier Prix de Rome. Son séjour en Italie (1883) sera de courte durée ; il repart travailler à Paris, où il obtient deux mentions honorables aux Salons de 1885 et 1886. Outre à Paris, il remporte des prix aux expositions de Munich, de Barcelone, etc..
Ses centres d’intérêt vont des sujets religieux – La Croix, représentant deux pèlerins devant l'image du Christ –, à des scènes plus intimes de la vie des gens du peuple. La figure maternelle est l’autre source d'inspiration essentielle du sculpteur : L'Aïeule, Jeune Mère, L'Inquiétude maternelle, Douleur Maternelle, groupe en plâtre qui sera exposé à Paris et à Bruxelles....
Portraitiste de talent et artiste apprécié de ses contemporains, il répondra à quantité de commandes officielles ou privées et réalisera de nombreuses œuvres pour les places publiques de Belgique : à Tournai (Monument Adolphe Delmée, dans le parc communal, monument Gallait (1891), monument Bara réalisé en collaboration avec Victor Horta (1903), Les Aveugles (1906), Mémorial Van Cutsem et groupe allégorique pour le Musée des Beaux-Arts), à Blankenberge (Le Pêcheur de Blankenberge, La Sortie du Port, un bas-relief en bronze représentant un groupe de pêcheurs tirant leur barque), ou à Bruxelles (Bûcheron pour le Jardin Botanique). Il est également l’auteur d’un bronze représentant la Reine des Belges.
Homme discret, refusant la polémique et l'éclat, il vit pour son art.
Membre de la Société Nationale des Beaux-Arts de Paris, il remplace Jef Lambeaux au sein du Groupe des Vingt.
S’il occupe une place importante dans l'aventure artistique de la Belgique de son temps, Guillaume Charlier passera toutefois à la postérité dans l'ombre de Constantin Meunier dont il est contemporain. Tous deux s’attachent à représenter la misère du prolétariat industriel. Mais tandis que l’œuvre de Meunier exprime dans un langage puissant et novateur le labeur abrutissant des ouvriers dans les hauts-fourneaux, les aciéries et les verreries, sur les quais et dans les mines de charbon, la sculpture de Charlier, même si elle représente plusieurs travailleurs en pleine activité (houilleur, marin, etc.), se centre davantage sur les scènes plus intimes de la vie quotidienne, dont elle dépeint une forme de douleur de vivre due aux conditions matérielles pénibles, dans un style personnel, souple et sensible mais plus académique.
Dès 1894, date de son mariage avec Marie Agniez, Charlier bénéficie de l'hospitalité de Henri van Cutsem dans son hôtel de maître de l’avenue des Arts à Saint-Josse-ten-Noode. Au décès de ce mécène et ami, survenu dix ans plus tard, les époux Charlier héritent de tous ses biens, à une seule condition : continuer l'œuvre de mécénat. C’est ainsi qu’ils feront transférer la collection de peintures d'Henri Van Cutsem à Tournai, dans le nouveau Musée des Beaux-Arts construit par Victor Horta. Marie Charlier décède en novembre 1924. Guillaume Charlier disparaît 3 mois plus tard, le 15 février 1925.
Le sculpteur lègue tous ses biens à sa commune d'adoption, Saint-Josse, à la condition formelle et expresse que l'immeuble soit ouvert en musée public, qu'il ne soit jamais aliéné et que les collections intactes soient conservées également, afin que les générations à venir puissent réaliser dans quel cadre vivaient, à la fin du XIXe siècle, des bourgeois aisés et amateurs d'art.
Ses œuvres sont réparties pour la plupart entre le musée des Beaux-Arts de Tournai et le musée Charlier à Saint-Josse-ten-Noode.
[1] Le conducteur de travaux est celui qui planifie et contrôle les travaux (en construction ou en aménagements paysagers). Il encadre une équipe de techniciens et d'ouvriers avec l'aide du/des chefs de chantier.
[2] Outre Guillaume Charlier, auquel il lèguera sa maison de l'avenue des Arts et qui deviendra le musée Charlier, inauguré le 21 octobre 1928, Van Cutsem apportera son soutien moral et financier à de nombreux artistes, dont Édouard Agneesens, James Ensor, ...
Buste, marbre,
H 71,5 L 56 P 34,5
Inv. ARB 10.
État (1897) inv. 1146.
Photo Luc Schrobiltgen.