Henry Lavachery
Ethnologue. Conservateur en chef des Musées royaux d'art et d'histoire. Professeur à l'Université libre de Bruxelles. Né à Liège le 6 mai 1885, décédé à Uccle le 29 novembre 1972.
(Liège, 1885 - Bruxelles, 1972)
Le nom de Henri Lavachery reste indissociable de l’île de Pâques. Rien, a priori, ne destinait ce philologue de formation à devenir, pour le monde scientifique comme pour le public belge de son temps, « l’homme de Pâques ».
Au sortir d’études en philologie classique, Henri Lavachery travaille pendant près de 20 ans dans l’industrie familiale, qu’il quitte en 1926, une expérience qui lui sera utile plus tard dans la gestion d’organismes culturels.
Son intérêt pour l’ethnologie et pour l’étude des arts premiers (alors appelés « primitifs ») l’amène à compléter sa formation essentiellement livresque par des séjours et des stages à l’étranger (France, Espagne, Allemagne). Ce parcours atypique – Lavachery n’est pas un ethnologue professionnel – lui donnera l’occasion de nouer des liens d’amitié durables (il rencontre, lors d’un stage, l’ethnologue Paul Rivet, directeur du musée d’Ethnographie du Trocadero à Paris et qui sera à l'origine de la création du musée de l'Homme au palais de Chaillot). Il lui permettra aussi de garder une approche éloignée des codes en vigueur, et par là-même, un regard personnel et pertinent.
Lavachery commence à publier et à se faire connaître comme ethnologue en organisant, en 1930, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, une grande exposition d'art africain. Fondateur de la Société des américanistes de Belgique, il travaille à partir de 1933 comme collaborateur libre pour les Musées royaux d'Art et d'Histoire. Il y entre en 1937. En 1942, il y succède à Jean Capart comme conservateur en chef. Il publie beaucoup : sur les civilisations américaines, africaines et océaniennes.
La fascination d’Henri Lavachery pour l'esthétique des objets pascuans ou rapanui se concrétise en 1933 – il a près de cinquante ans – lorsque Paul Rivet lui propose de participer à une expédition à l’île de Pâques.
L’expédition franco-belge débarque sur l’île le 30 juillet 1934. Elle y restera jusqu’au 3 janvier 1935. Le chef de mission est l’assyriologue français Louis Charles Watelin. Il décède pendant le voyage aller au large de la Patagonie, ce qui amène Lavachery à assumer la direction de la mission avec l’ethnologue suisse Alfred Métraux. Le trajet aller se fait sur un aviso français, le Rigault-de-Genouilly, et le retour, sur le navire-école belge Mercator.
L’expédition étudie sur place la formation géologique de l'île, l'origine anthropologique des habitants et ce qui pouvait encore être recueilli de leur patrimoine culturel. Métraux et Lavachery espèrent également décrypter les signes retrouvés sur des tablettes (rongo rongo) et que plus aucun habitant n’est alors capable de déchiffrer. Leur conclusion, sous forme d’hypothèse, est que les signes ne constitueraient pas une écriture mais plutôt un système d'aide-mémoire pour des récitants.
L’expédition va aussi permettre à Lavachery de réaliser un rêve : exposer à Bruxelles une des statues qui font la réputation de l'île. Cette démarche, fréquente à une époque où les ethnologues n’hésitaient pas non seulement à emporter les objets, mais également à modifier le site dont ils étaient issus, afin de les exposer plus tard dans les musées, a heureusement fait place aujourd'hui à la recherche scientifique in situ.
Les deux pays reçoivent en effet du Chili le droit d’emporter chacun une statue. La France choisit une tête trouvée sur la plage d’Anakena, tandis que Lavachery opte pour une statue entière, extraite d’un site sur la côte ouest de l’île : Ahu o Rongo[1]. La statue, haute de près de 3 mètres et pesant 6 tonnes, est d'abord transportée sur les pentes de l'île et, ensuite, hissée sur le Mercator à l'aide de techniques mises en œuvre par la population locale c.-à-d. sans appel à des moyens modernes. Ce transport prouve que le déplacement des grandes et lourdes statues, de leurs lieux de création - les carrières aux flancs du volcan Rano Raraku – jusqu'aux autels à la côte où elles étaient dressées, a été possible dans les temps anciens et que les grandes statues de pierre avaient été réalisées par les aïeux des occupants polynésiens actuels de l'île et non par des membres d'une civilisation antérieure disparue, voire par des interventions extra-terrestres ou surnaturelles.
Ramenée en Belgique à bord du Mercator, Pou Hakanononga[2] deviendra une pièce maîtresse des collections d’Océanie des Musées royaux d'Art et d'Histoire.
En outre, Lavachery découvre l'existence de gravures rupestres illustrant d'anciennes cérémonies célébrant le mythe de l'« homme oiseau » (Tangata Manu). Le dessin précis qu’il en fait permet de mieux voir les gravures que les photographies réalisées dans les falaises escarpées sur lesquelles ces figures avaient été tracées[3]. Homme d'étude et d'observation, Lavachery a aussi le goût de la création artistique. Ses écrits sont souvent illustrés de dessins à la plume.
L’expédition rapporte enfin une multitude d’objets et de documents d’intérêt tant archéologique, que géologique et zoologique. Ils enrichiront les collections du Musée de l'Homme et du Museum d'Histoire naturelle à Paris (284 objets), et celles des Musées royaux d'Art et d'Histoire et de l'Institut des Sciences naturelles à Bruxelles. Les découvertes récentes montrent bien que l’île de Pâques est cependant loin d’avoir livré tous ses secrets[4].
Lavachery publie le résultat de ses observations sous forme d'articles puis de livre [5]. Il est vraiment le chroniqueur de la mission, son mémorialiste ; par son regard attentif, il sait mettre en valeur ses compagnons de mission, que ce soit Métraux ou leurs collaborateurs pascuans. Comme l’indique l’anthropologue Christine Laurière, « du fait même qu’il n’est pas un ethnologue professionnel, qu’il n’en a pas intériorisé tous les codes, il s’attarde sur bien des aspects normalement passés sous silence, parce qu’ils sont jugés triviaux, trop personnels, sans rapport avec ce dont un ethnologue doit rendre scientifiquement compte. Son livre fourmille de détails et d’informations sur les conditions de leur séjour, il donne une version très vivante de leur mission, le lecteur suit avec plaisir et intérêt la progression de leur travail, leurs relations complexes, parfois dures, avec les Pascuans. »
L’intérêt de Lavachery ne se limite pas à la civilisation de l’île de Pâques. Au cours du voyage, il publie dans les journaux qui sponsorisent l'expédition des billets brefs, vivants et pleins d’humour, sur des incidents et des curiosités observés aux escales : Tahiti, Moorea, les îles Marquises et Hawaï.
Il publiera également ses travaux sur l'art africain, sur les cultures de l’Amérique et de l’Océanie, sous forme de petits ouvrages de vulgarisation clairs, maniables et attrayants[6].
Devenu professeur à l’Université libre de Bruxelles, il jette les bases de la formation en anthropologie sociale à la Faculté des Sciences sociales, politiques et économiques, et en arts non-européens à la section d'Histoire de l'Art de la Faculté de Philosophie et Lettres.
À sa vie de professeur, de conférencier et de directeur des Musées royaux d'Art et d'Histoire, et à sa participation à de nombreuses sociétés scientifiques, s'ajoute son activité à l’Académie royale des Lettres, des Sciences et des Beaux-Arts de Belgique. Élu correspondant de la Classe des Beaux-Arts en 1947, il devient membre de l’Académie en 1951, puis secrétaire perpétuel du 10 mai 1957 au 1er février 1961. Il sera également Directeur de sa Classe en 1969.
Henri Lavachery meurt le 29 novembre 1971.
Depuis 1961, un prix qui porte son nom est décerné tous les 5 ans par la classe des Lettres de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique pour des réalisations en ethnologie[7].
Son expédition de 1935 est relatée dans un film tourné sur place par John Fernhout[8] et monté en Belgique par Henri Storck.
Enfin, son petit-fils Thomas Lavachery a réalisé en 2002 L’homme de Pâques, film qui raconte l'expédition de son grand-père, son travail scientifique et ses liens personnels avec les habitants de l'île[9].
[1] Une dizaine de moaïs sont ainsi disséminés dans divers musées. Le British Museum possède depuis 1868 une statue nommée non sans malice Hoa Hakananai’a (l’ami dérobé). Elle provient d’Orongo, village perché à plus de 300 m de hauteur sur les flancs du volcan Rano Kau et où se déroulaient les cérémonies de l’homme-oiseau. Le Musée du Quai Branly abrite une tête, prélevée en 1872 sur une statue en tuf de Rano Raraku, décapitée pour l’occasion et dont le corps a aujourd'hui disparu. Quant à la tête ramenée par Henri Lavachery et Alfred Métraux en 1935 de la plage d’Anakena, elle fait aujourd'hui partie, ainsi qu’une autre plus petite, des collections du Musée du Louvre.
[2] Ce colosse de 273 cm de hauteur pour 150 cm de largeur a été sculpté en andésite massive il y a sept siècles. Les analyses radio carbone menées sur du charbon de bois associé aux fondations du podium en pierre sur lequel il se dressait autrefois permettent en effet de la dater de la fin du XIIIe - début du XIVe siècle. Le nom de la statue - Pou Hakanononga – est plus récent et pourrait se comprendre comme le « dieu des pêcheurs de thons ». http://www.kmkg-mrah.be/fr/pou-hakanononga
[3] Les pétroglyphes de l'Ile de Pâques, (1939).
[4] Alors que la civilisation pascuane est réputée avoir été détruite par des guerres, consécutives à une catastrophe écologique ayant entraîné famines et destructions violentes des monuments, des fouilles récentes (2001-2010) menées conjointement par les Musées royaux d'Art et d'Histoire et l'Université de Gand à l'île de Pâques sur le site d'Ahu te Niu ont permis d’établir que les grandes plates-formes à statues furent transformées en nécropoles, plutôt que détruites au cours de rivalités entre tribus pour les dernières ressources naturelles disponibles. Sur ce site, une statue (moaï) fut délicatement déposée pour servir de couvercle à un caveau funéraire soigneusement aménagé. L'ensemble de l'opération ne s'est pas déroulée en un temps, mais à travers plusieurs générations, ce qui va à l'encontre d'une période de violence soudaine. Cette découverte ne relève pas d'un fait singulier. La même équipe de chercheurs a, en effet, entrepris une vaste campagne de prospections autour des autres monuments du même type, pour rencontrer systématiquement des situations comparables.
Grâce à ces recherches, on peut affirmer que l'histoire de l'île de Pâques n'est pas celle d'une éco-catastrophe, mais plutôt celle d'une mutation du projet de société, menée au long de plusieurs générations. Reste à déterminer les raisons de ce changement de vision du monde. http://www.kmkg-mrah.be/fr/que-sest-il-passe-a-l-ile-de-paques
[5] L'Ile de Pâques, Paris, Grasset, 1935
[6] Les Amériques avant Colomb, 1944, et La Vie des Polynésiens, 1946 (Collection Lebègue), La Statuaire de l'Afrique Noire, 1954.
[7] Prix destiné à un travail d’ethnologie (au sens le plus large) qui peut avoir la forme soit d’un écrit soit d’un film. Écrits et commentaires de film en français. Réservé à un Belge. Le prix ne peut être scindé. Prochaine attribution : 2018.
[8] Un documentaire belge, aussi rarissime qu'exceptionnel, réalisé en 1935 par John Fernhout, monté et produit par Henri Storck, partition de Maurice Jaubert, qui commente le film, sur un texte d’Henri Lavachery https://vimeo.com/120228001
[9] Thomas Lavachery, avec Denis Roussel, L’homme de Pâques, film documentaire de 2002, produit par YC Aligator Films (Bruxelles).
Archives :
Bull. Cl.B.-A. 1981/12, p. 166 (séance du 3 décembre) : IB., p. 16I (Leroy, M.)
Ce buste sera commandé à N. Neujean par l'Académie. IB., p. 195 (Neujean, N.)
BAZIN G., op. cit., p. 130.
Publications :
Gilbert, P., Notice sur Henri Lavachery, membre de l'Académie, dans Annuaire de l'Académie royale de Belgique, vol. 150, 1984, p. 245-253 (photos). — Tête en bronze par Nat Neujean, 1984, p. 245.
Dorsinfang-Smets, A., Notice sur Henri Lavachery, Nouvelle Biographie nationale, t. 1, p. 224.
Dorsinfang-Smets, A., Bibliographie de Henri Lavachery, ibidem, p. 254-270. —
Bulletin de la Classe des Beaux-Arts : Discours prononcés lors de la manifestation organisée à l’occasion de sa mise à la retraite en qualité de Secrétaire perpétuel, par Albert Severyns, C. Berg et Pierre Bautier, 1961, p 146.
Bulletin de la Classe des Sciences : mêmes discours, 1961, p. 839.
Bulletin de la Classe des Lettres : mêmes discours, 1961, p. 333.
Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, 5e série, t. 67, 1985, p. 270-288. Henri Lavachery, par Jacques Lavalleye, 1973, p. 107. Manifestation en l’honneur de Henri Lavachery (1885-1972) : Présentation des orateurs, par Jean Balty ; Henri Lavachery, secrétaire perpétuel de l’Académie, par Philippe Roberts-Jones ; Henri Lavachery, 1885-1972, par Annie Dorsinfang-Smets ; Henri Lavachery, par Sergio Purin ; portrait photographique, 1985, p. 270.
Cent cinquante ans de vie artistique, 1980, p. 302.
Cauwe, N., Un Moaï sur le Mercator. L’expédition de 1934-1935 à l’île de Pâques, Koregos, janvier 2012 http://www.koregos.org/fr/nicolas-cauwe-un-moai-sur-le-mercator/
Cauwe, N., Pour une nouvelle histoire de l’île de Pâques, Koregos, avril 2012, http://www.koregos.org/fr/nicolas-cauwe-pour-une-nouvelle-histoire-de-l-ile-de-paques/
Cauwe, N., Huyge, D., Ahu o rongo revisité. Investigations archéologiques d'un centre cérémoniel sur Rapa Nui (Îles de Pâques), Chili, Koregos, janvier 2012 http://www.koregos.org/fr/nicolas-cauwe-ahu-o-rongo-revisite/
Laurière Chr., L’Odyssée pascuane. Mission Métraux-Lavachery, île de Pâques (1934-1935), 2014, Carnets de Bérose, http://www.berose.fr/?L-Odyssee-pascuane-MissionMetraux
Van Lennep, J., Les Bustes de l’Académie royale de Belgique, 1993, p. 386.
Iconographie :
Outre la tête en bronze due à Nat Neujean, l'Académie royale des Lettres, des Sciences et des Beaux - Arts de Belgique conserve un médaillon en bronze à l'effigie de Henri Lavachery, œuvre d'Armand Bonnetain, ainsi qu’un portrait peint à l'huile par Jean Decoen.
Nat (Nathanaël) Neujean
Le sculpteur Nathanaël Neuman dit Nat Neujean est né le 5 janvier 1923 à Anvers, où il a grandi au sein d’une famille originaire d’Europe centrale et établie en Belgique depuis la Première Guerre mondiale. Il poursuit sa première scolarité dans un milieu familial chaleureux et cultivé, qu’il quitte à 14 ans pour occuper un atelier à Anvers où il s’initie à la sculpture, son vœu depuis son plus jeune âge. Accepté comme élève libre à l’Académie des Beaux Arts, il y reçoit l’enseignement exigeant de grands maîtres de la sculpture et du dessin belges (Arthur Dupon, Franz Claessens, etc.) de 1939 à 1941.
En 1941, les autorités allemandes exigeant l’expulsion des étudiants belges d’origine juive des lieux d’enseignement, et malgré le soutien du directeur (le peintre Isidore Opsomer), il quitte Anvers et s’installe définitivement à Bruxelles où il travaille, tout en vivant dans la clandestinité. De cette époque datent ses premières commandes et ses premiers portraits.
Après la guerre, il part pour Paris où il se consacre de 1946 à 1947 à l’étude de l’anatomie à l’École des Beaux Arts.
Rentré à Bruxelles, il réalise à partir de 1950 ses premières expositions de groupe et une série de commandes officielles (pour les villes de Namur, Charleroi, Bruxelles). À la même époque, il est engagé comme conseiller artistique à la Manufacture de Céramique et Porcelaines CERABEL à Baudour, où il exécute diverses compositions en biscuit (dont une « Eve » de deux mètres de haut).
Fortement éprouvé par les horreurs de la guerre, il commence les études préliminaires à « la Mémoire de la Déportation » à laquelle il consacrera une grande partie de son œuvre. Les victimes de l’Holocauste resteront omniprésentes dans son travail, offrant une image bouleversante de ces figures fantomatiques, destinées à la destruction totale.

Il aborde d’autres thèmes à partir des années 60 : la relation empathique entre personnages désemparés, recherchant soutien, tendresse et réconfort, la beauté et l’harmonie du corps féminin dans ses mouvements et ses formes généreuses.

Indépendamment de ces œuvres de création, il réalise des médailles et de nombreux portraits (deux de Paul Delvaux, ainsi que d’Henry Lavachery, Maurice Leroy, etc.), dont les derniers datent des années 2008-2009 (portrait d’Hervé Hasquin).
Son œuvre est figurative. Sur le plan technique, mis à part quelques œuvres en biscuit, en pierre et en marbre de Carrare, la quasi totalité de ses sculptures est en bronze à cire perdue.
Il a exposé à partir des années soixante tant aux États-Unis (à New York et à Boston, au Musée des BeauxArts en 1964, Washington, Chicago, Dallas, Houston, Palm Beach, Detroit), qu’au Canada (Toronto, Montréal), en Australie et en Europe (Belgique, PaysBas, France, Italie, Angleterre).
Élu correspondant de la Classe des Arts de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts en 1972 et membre en 1973, il est Directeur de sa Classe en 1978. Il a été professeur à la Fine Art School of the Museum (Boston) et membre correspondant de l’Accademia Nazionale di San Luca di Roma en 1995.
Il a réalisé pour l’Académie royale les têtes (en bronze) de l’ethnologue Henri Lavachery, du peintre Paul Delvaux, du linguiste Maurice Leroy et de l’historien Hervé Hasquin.
Tête,
bronze,
Ht 49 (sur base en pierre) Ht 32 L 18 P 26,5
Signature et date au revers sur la nuque : Neujean / 65
Don de l'artiste
I.B., p. 195 ( Neujean , N .)
I.B., p. 154 (Lavachery, H.)