Carte d’André Malraux (circa début 1966)
André Malraux
vous remercie d’avoir eu l’attention de lui faire envoyer cette iconographie de Roland - dont il faudrait parler mieux que ne le permet une carte…
[Numérotation du document dans le dossier 23110 A, en haut, à droite]
5
Pour la première fois, nous exposons ici un document ne portant aucune signature. Pourtant, il ne fait aucun doute que cette carte fut rédigée par Malraux lui-même : une simple comparaison avec la multitude de documents mis en ligne1 ne laisse aucun doute à ce sujet. De même, le document n’est pas daté mais on peut raisonnablement penser qu’il fut rédigé au début de l’année 1966. Il répondait en effet à l’envoi par Rita Lejeune2 et Jacques Stiennon3 de leur ouvrage intitulé La Légende de Roland dans l’art du Moyen Âge4. Au vu de son contenu, il est tout à fait logique que les auteurs aient pensé à envoyer cette riche monographie à celui-ci qui était alors Ministre d’état chargé des Affaires culturelles. N’avaient-ils pas fait de même avec le Général de Gaulle comme nous l’avons vu au mois de septembre 2011 dans notre exposition virtuelle ? Il est toutefois impossible de déterminer si ce document fut adressé aux deux auteurs ou à l’un d’eux en particulier.
Si l’auteur de L’espoir prit la peine de répondre à cet envoi, il le fit très rapidement comme on peut aisément le constater ci-dessus. Après les remerciements d’usage, il reconnaît qu’il faudrait autre chose qu’une carte pour parler mieux de « cette iconographie de Roland ». Nous n’avons trouvé trace toutefois d’une autre lettre de Malraux à ce sujet dans le fonds Rita Lejeune5. On peut donc vraisemblablement penser qu’il n’en fit rien : La Chanson de Roland ne faisait sans doute pas partie de ses lectures de prédilection, influencées bien davantage par les œuvres de Dostoïevski, Nietzsche ou Pascal pour ne citer qu’eux6. Il est vraisemblable que ce boulimique de lecture7 ait lu un jour ce poème mais nous n’avons trouvé aucune trace de cette lecture dans l’abondante littérature consacré à l’écrivain, pas plus qu’une hypothétique influence de La chanson de Roland sur Malraux.
1 Comme par exemple la lettre d’André Malraux à Agnès Capri éditée sur le site de l’Assemblée nationale française : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/andre-malraux/malraux-parlt.asp
2 Membre décédé de l’Académie royale de Belgique, Herstal, le 22 novembre 1906 - Liège, le 18 mars 2009. Consulter la fiche personnelle.
3 Membre décédé de notre institution, Liège, le 1er avril 1920 ; y décédé, le 5 mai 2012. Consulter la fiche personnelle4 LEJEUNE R., STIENNON J., La Légende de Roland dans l’art du Moyen Âge, Bruxelles, Arcade, MCMLXVI, 2 vol. in-4°, 412 et 408 p., 573 planches. Il existe une traduction en allemand : Die rolandssage in der Mittelalterlichen kunst, Brüssel, Arcade, MCMLXVI, 2 band, 454-385 p.
5 Archives de l’Académie royale de Belgique, n° 23110.
6 MOATTI C., DIEUDONNE J., Malraux lecteur, Paris, Caen, Lettres modernes Minard, 2001, 244 p. (coll. La revue des lettres modernes). LARRAT J.-C., Malraux : théoricien de la littérature 1920-1951, Paris, Presses universitaires de France, 1996, 335 p. Nous n’avons pu malheureusement consulter les ouvrages de Jean-Claude Larrat (Malraux et la question des genres littéraires, Paris, Lettres modernes Minard, 2009, 362 p.) et d’André Vandegans (La jeunesse littéraire d'André Malraux : essai sur l'interprétation farfelue, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1964, 466 p.)
7 MOATTI C., DIEUDONNE J., « Avant-propos », in MOATTI C., DIEUDONNE J., Malraux lecteur (…), op.cit., p. 3-18.
BASTIAENEN E., DE WINTER S., DE WINTER N., LEROY C., André Malraux - Alexis Curvers - Francis Ponge, Namur Didier Hatier, 1986, 96 p.
BELIN G., André Malraux : un écrivain au cœur du siècle, Boulogne, Timée, 2006, 141 p., ill. (coll. La Collection des plus belles histoires).
BOAK D., André Malraux, Oxford, Clarenton Press, 1968, XIV-268 p.
BONHOMME J., André Malraux ou le conformiste, Paris, R. Deforges, 1977, 128 p.
CATE C., André Malraux, Paris, Le Grand livre du mois, 1993, 606 p. (traduction de Marie-Alyx Revellat).
CAZENAVE, M., Malraux, le chant du monde, Paris Bartillat, 2006, 183 p.
CLERC C., De Gaulle-Malraux : une histoire d’amour, Paris, Nil, 389 p., ill.
DE COURCEL M., Malraux, être et dire, Paris, Plon, 1976, 348 p.
De Gaulle et Malraux. Colloque organisé par l'Institut Charles-de-Gaulle les 13, 14 et 15 novembre 1986, Paris, Plon, 1987, 323 p.
DE SAINT-CHERON M., Malraux, la recherche de l’absolu, Paris, Éditions de La Martinière, 2004, 165 p.
DE SAINT-CHERON M., FOULON C.-L., MOSSUZ-LAVAU J., Dictionnaire Malraux, Paris, CNRS Editions, 889 p.
DOMENACH J.M., LACOUTURE J. et alii, André Malraux, Paris, Hachette, 1979, 243 p.
DUVAL-STALLA, A., André Malraux, Charles de Gaulle, une histoire, deux légendes, Gallimard, 2008, 403 p. (coll. L’infini).
FRIANG B., Un autre Malraux, Paris, Plon, 1977, 165 p. (coll. Espoir).
GAILLARD P., André Malraux, Paris - Montréal, Bordas, 1970, 224 p., ill.
GERBER F., Malraux-De Gaulle. La nation retrouvée, Paris-Montréal, l’Harmattan, 1996, 263 p.
HARRIS G.T. (éd.), André Malraux : across boundaries, Amsterdam, Rodopi, 2000, VII-291 p. (coll. Faux titre).
HORVATH V.M., André Malraux. The human adventure, New York, University Press, 1969, VIII-336 p.
JUILLAND I., Dictionnaire des idées dans l'œuvre de André Malraux, The Hague, Paris, Mouton, 1968, 325 p.
LACOUTURE J., Malraux : une vie dans le siècle, Paris, Édition du Seuil, 1996, 446 p.
LARRAT J.-C., André Malraux, Paris, Librairie générale française, 2001, 284 p., ill. (coll. Le Livre de poche).
LARRAT J.-C., Malraux : théoricien de la littérature 1920-1951, Paris, Presses universitaires de France, 1996, 335 p.
LARRAT J.-C., Malraux et la question des genres littéraires, Paris, Lettres modernes Minard, 2009, 362 p. (coll. La revue des lettres modernes).
LESCURE J., Album Malraux, Paris, Gallimard, 1986, 364 p. ill. (coll. Bibliothèque de la Pléiade).
LYOTARD J.-F., Signé Malraux, Paris, Librairie générale française, 1998, 412 p. (coll. Le livre de poche, 14510).
MOATTI C., DIEUDONNE J., Malraux lecteur, Paris, Caen, Lettres modernes Minard, 2001, 244 p. (coll. La revue des lettres modernes).
PAYNE R., André Malraux, Paris, Buchet-Chastel, 1973, 382 p., ill. (traduction de Pierre Rocheron).
TODD O., André Malraux : une vie, Paris, Gallimard, 2002, 984 p., ill. (coll. Folio, 3732).
VANDEGANS A., La jeunesse littéraire d'André Malraux : essai sur l'interprétation farfelue, Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1964, 466 p.
Le lecteur soucieux d’effectuer une recherche plus approfondie consultera avec intérêt la bibliographie reprise sur le site www.malraux.org : http://www.malraux.org/index.php/bibliosuram/txsurmalraux.html
André Malraux
André Malraux naquit le 3 novembre 1901 à Paris et passa son enfance à Bondy. Il entra à l’école Turgot à l’automne 1915 et la quitta en juillet 1918. Il n’obtint jamais son baccalauréat, ce qui ne l’empêcha pas de suivre des cours au musée Guimet et à l’école du Louvre en 1919. Il travailla parallèlement pour le libraire-éditeur René-Louis Doyon. Durant les années suivantes, il publia des articles et son premier livre (Lunes de Miel) et fréquenta le milieu artistique (Vlaminck, Max Jacob, Ensor, Léger, etc.). Il se rendit au Cambodge en 1923 où il se livra au vol de statues et de bas-reliefs en compagnie de son épouse de l’époque, Clara (née Goldschmidt). Ils sont inculpés de vol et arrêtés à Phnom-Penh. Un procès s’ensuivit, de même qu’une mobilisation d’écrivains célèbres en faveur de Malraux (Mauriac, Gide, Breton…). Malraux réussit à obtenir un sursis et en profita pour rentrer en France où l’attendait Clara qui avait été libérée plus tôt. Il conçut ensuite La Tentation de l’Occident (1926), Les conquérants (1928), La voie royale (1930, ouvrage inspiré par son aventure de 1923) et surtout La condition humaine qui rencontra un énorme succès et lui permit de remporter le Prix Goncourt en décembre 1933. Au cours des années suivantes, il se distingua également par ses prises de positions politiques, à gauche de l'échiquier politique. Celles-ci lui valurent de rencontrer Trotsky, Staline, Gorki, Pasternak ou encore Eisenstein. Il participera ensuite à la Guerre d'Espagne à la tête de l'Escadrille Espana. Cette foisonnante activité politique n'affaiblit en rien son génie créatif, avec par exemple la sortie de L'espoir. Au début de la Seconde Guerre mondiale, il fut fait prisonnier mais il parvint à s'échapper et à gagner la zone libre. Il s'adonna ensuite à l'écriture avec notamment la parution de Les noyers de l'Altenburg. Il rejoignit tardivement les rangs de la Résistance, sous le nom du colonel Berger. Il créa la Brigade Alsace-Lorraine et engrangea les succès : libération de Dannemarie, Saint-Odile et Mulhouse, défense de Strasbourg. Durant cette période et même avant, il s'était éloigné des Communistes et se méfiait de leur influence au sein de la Résistance. Il rencontra le général de Gaulle dont il devint le conseiller technique puis son ministre de l'Information de novembre 1945 au 20 janvier 1946. L’année suivante, il s’occupa de la propagande du R.P.F. (Rassemblement du peuple français), le mouvement politique fondé par le général de Gaulle, un parti pour lequel il rédigea de nombreux discours jusqu’en 1952. D’une loyauté sans faille au général, il suivra ce dernier dans sa traversée du désert. Il continua à écrire durant cette période à un rythme régulier : Psychologie de l’art (1948 et années suivantes), Saturne, Essai sur Goya (1950), etc. Il conçut également nombre de préface et ce jusqu’à la fin de ces jours. Ses activités culturelles sont innombrables : discours, membre du Conseil des Musées, participation au développement de la Caisse nationale des Lettres, etc. En 1958, de Gaulle revint au pouvoir : Malraux fut désigné ministre délégué à la présidence du Conseil puis ministre de l’Information. L’année suivante fut créé le premier ministère des Affaires culturelles : Malraux devint ministre d’Etat chargé des Affaires culturelles, charge qu’il occupa jusqu’au départ du Général en avril 1969. Durant son mandat, il fut à l’origine de la création des maisons de la culture. Après la mort de Charles de Gaulle, il prit la présidence de l’Institut Charles-de-Gaulle selon la volonté du défunt. Malraux publia Les chênes qu’on abat…, un ouvrage reprenant un dialogue entre lui et de Gaulle. Sa vie publique et son activité culturelle continua de plus belle et il enchaîna inaugurations d’exposition, discours, préfaces de livres, etc. Sa vie politique se poursuivit : il eut l’occasion de rencontrer Nixon, Hiro-Hito, Indira Gandhi, etc. Il mourut à Créteil le 23 novembre 1976. Vingt ans plus tard, ses cendres furent transférées au Panthéon.
Support : 1 carte
Hauteur : 90,5 mm
Largeur : 140 mm
Cote : 23110 a, 5