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Lettre à Adolphe Quetelet, 13 juillet 1860

30 Old Burlington Str

July 13/60


Monsieur

Je désirerais vivement solliciter votre sympathie en faveur d’un projet que je dois soumettre au Congrès pour obtenir une statistique uniforme dans les hôpitaux.
Ce sont vos ouvrages qui ont réveillé chez moi (à un degré bien inférieur) l’idée de la statistique pour les infirmes.
Ma vie, toute pratique, m’en a fait envisager seulement le côté pratique.
J’ose, Monsieur, vous adresser quelques uns de mes petits ouvrages sur les hôpitaux, et vous prier d’intéresser Monsieur votre confrère, M. le Docteur Berg, lequel, je le sais, s’occupe plus particulièrement d’hôpitaux. Je lui adresse un semblable envoi.
Si vous daigniez lire la note, page 2, de « Notes on Hospitals », vous verriez la réforme que je désire et à laquelle j’ose vous demander de prêter l’appui de votre grand nom.
Agréez, Monsieur, l’assurance de mon profond dévouement.

 

Florence Nightingale

Son nom évoque l’infirmière soignant les blessés durant la guerre de Crimée et sa contribution à la réforme des conditions sanitaires dans les hôpitaux militaires de campagne. Ce que l’histoire n’a pas retenu - ou si peu - de Florence Nightingale, c’est sa passion pour les mathématiques et tout particulièrement pour les statistiques.
Très influencée par les travaux d'Adolphe Quetelet, elle lui voue une véritable admiration et le considère comme « the founder of the most important science in the whole world ». Florence Nightingale lit les livres de Quetelet et les annote. Comme lui, elle utilise les statistiques pour explorer et analyser les phénomènes sociaux : elle estime que les statistiques, en révélant les relations de cause à effet, non perceptibles au niveau de l’individu, peuvent aider les autorités à améliorer la société.

La lettre que Florence Nightingale envoie à Quetelet en ce mois de juillet 1860 s’inscrit dans ce contexte : elle vient de rédiger Notes on Hospitals (publié à Londres en 1859) et elle souhaite pouvoir bénéficier du soutien du savant belge pour le projet qu’elle décrit dans la note en page 2, à savoir l’élaboration d’une statistique uniforme appliquée aux hôpitaux.
Ceux-ci seraient soumis à une enquête, comprenant huit rubriques et axée sur le nombre d’admissions, l’évolution de la maladie (décès ou guérison) et la durée de l’hospitalisation. Les résultats ainsi obtenus devraient être compris et utilisés par les politiques et les dirigeants comme un moyen rationnel de prise de décision. Grâce aux statistiques, Florence Nightingale va démontrer que le taux de mortalité dans les hôpitaux de Londres est supérieur au taux de mortalité des gens malades mourant à domicile.

Florence Nightingale aimait récolter et analyser des données ; elle s’intéressait également à la représentation visuelle de l’information et développa une version améliorée des diagrammes circulaires - polar area diagrams ou rosecharts - pour faciliter la compréhension des rapports statistiques traditionnels.

Ses travaux remarquables en matière de statistiques médicales lui vaudront d’être, en 1858, la première femme élue membre de la Statistical Society of London, aujourd’hui Royal Statistical Society, institution qui doit son existence à l’initiative de personnalités telles que Babbage, Malthus et... Quetelet.

Françoise THOMAS

ATTEWELL A., "Florence Nightingale (1820-1910)", in Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée, vol. XXVIII, n°1, 1998, p. 173-189.

BALY M., Florence Nightingale à travers ses écrits, Paris, 1993, 147 p.

BOSTRIDGE M., Florence Nightingale. The Woman and her Legend, London, Viking, 2008, 672 p.

McDONALD L., Florence Nightingale on society and politics, philosophy, science, education and litterature, Waterloo, Wilfrid Laurier University Press, 2003, 896 p.

McDONALD L., The Women Founders of the Social Sciences, Ottawa, McGill-Queen's Press, 1994, 287 p.

SINOUÉ G., La dame à la lampe : Une vie de Florence Nightingale, Paris, Éd. France loisirs, 2008, 283 p.

SJÕSTRÕM O., History of statistics 1650-1930, Europe and Sweden, s.l., 2008.

SMALL H., Florence Nightingale : avenging angel, Basingstoke, 1999.

Florence Nightingale

Née à Florence le 12 mai 1820, décédée à Londre le 13 août 1910Issue d’une famille riche et cultivée, Florence Nightingale décide très tôt de s’occuper des pauvres et des malades et de se consacrer au métier d’infirmière, alors qu’il a mauvaise réputation. Elle suit une formation à Kaiserwerth (Allemagne) dans un hôpital « modèle » géré par un ordre de sœurs luthériennes.
C’est son dévouement pendant la guerre de Crimée (1854-1856) qui va assurer sa notoriété. Avec 38 infirmières volontaires, elle dirige toutes les opérations sanitaires de la guerre.
En 1860, elle crée une école d’infirmières à Londres au St Thomas’ Hospital, la Nightingale Training School, devenue aujourd’hui la Florence Nightingale School of Nursing and Midwifery faisant partie du King’s College de Londres.
Une fièvre contractée en Crimée, combinée avec une fibromyalgie va la contraindre à garder la chambre et à passer les treize dernières années de sa vie au lit. Cela ne l’empêchera pas de publier environ 200 livres, rapports et brochures, autant de contributions à la médecine, aux mathématiques et au féminisme.

Françoise THOMAS

 

Support : feuille de papier, 1 pli

Hauteur : 179 mm
Largeur : 227 mm

Cote : 17986/1902