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Lettre à Adolphe Quetelet, 9 juin 1842

Florence 9 juin 1842

13 octobre

 

 

 

 

Mon cher Monsieur Quetelet

 

Une lettre de vous eût été par elle-même un heureux événement pour moi, quand elle ne m’aurait pas apporté l’agréable nouvelle que vous vous êtes empressé de me communiquer le 13 mai. Ayant été en course pendant ces deux mois, je n’ai pas répondu plutôt et je vous fais mes excuses. Ce n’est qu’à l’indulgente bonté avec laquelle me jugent mes amis de Belgique, que j’ai dû l’honorable nomination dont vous me faites part : c’est donc à eux à faire agréer à l’Académie des remerciements qui sont au-dessus de mes forces. Je compte particulièrement sur vous, mon cher monsieur Quetelet, pour les exprimer de la manière que vous croirez le plus convenable et pour assurer l’Académie que je serai toujours à ses ordres.

            Je recevrai avec joie les Bulletins mensuels de l’Académie que je vous prie de faire déposer pour moi, ainsi que mon diplôme et tout ce que vous aurez à m’adresser chez mon libraire mr. Roret à Paris, rue Hautefeuille n°10 bis au coin de celle du Battoir. Mr. Cantraine, qui sans doute à beaucoup appuyé ma nomination, m’assure qu’il vous a remis depuis le 14 septembre, son grand ouvrage de malacologie pour moi, et que je aurais dû l’avoir avant la fin de l’année passée. Comment se fait-il que je ne l’aie pas encore reçu ? Veuillez avoir la bonté d’en faire faire la recherche.

            Recevez, Monsieur, mes remerciements personnels et l’expression de ma parfaite estime et sincère amitié.

 

Votre très affectueux et obligé

Charles L. Bonaparte

Prince de Canino

 

[Adresse]

 

Monsieur

M. Quetelet Secretaire Perpetuel

de l’Académie

de

Bruxelles

 

Grégoire Tumerelle

Université catholique de Louvain

 

Charles-Lucien Bonaparte fut élu correspondant étranger de la Classe des Sciences le 9 mai 1842. Cette année-là, le Secrétaire perpétuel avait fait la demande d’augmenter le nombre de places disponibles pour les correspondants étrangers en faisant remarquer que la plupart des « grands corps scientifiques européens » n’étaient pas représentés au sein de l’Académie. La demande a été acceptée à condition de choisir des correspondants venant des académies de Saint-Pétersbourg et de Munich, des sociétés de Copenhague, de Genève, de Philadelphie et dans l’une des principales sociétés savantes d’Italie[1]. Comme Charles-Lucien le fait lui-même remarquer, sa nomination a sans doute été poussée par François-Joseph Cantraine, zoologiste membre de l’Académie. En effet, les deux hommes se lièrent d’amitié lors d’un voyage scientifique réalisé par Cantraine en Italie dans les années 1830. Ils continuèrent de s’échanger de nombreuses lettres par la suite[2].

Grégoire Tumerelle

Université catholique de Louvain


[1] Archives de l’Académie Royale de Belgique, Dossiers d’élection, 1942, ARB 4133.

[2] DE KONINCK L., « Notice sur François-Joseph Cantraine », dans Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 1869, p. 101-120.

BRODHEAD M. J., « The work of Charles Lucien Bonaparte in America », dans Proceedings of the American Philosophical Society, vol. 122, 1978, p. 198–203.

« Charles-Lucien Bonaparte, prince di Canino e di Musignano », dans Encyclopaedia Britannica, 1998, (en ligne) https://www.britannica.com/biography/Charles-Lucien-Bonaparte-principe-di-Canimo-e-di-Muignano (consulté le 5 mai 2021).

FRANCESCHINI E., « Bonaparte (Charles-Lucien-Jules-Laurent) », dans Dictionnaire de biographie française, vol. 6, 1954, col. 911-913.

MARBACH C., « Charles Lucien Bonaparte, Audubon et Saint John Perse », dans Bulletin de la Sabix, n°38, 2005, (En ligne) http://journals.openedition.org/sabix/503 (consulté le 10 mai 2021).

PETIT G., « Bonaparte (Lucien Jules Laurent, called Charles Lucien) », dans Coulston Gillispie C. (éd.), Dictionary of scientific biography, t. 2, 1970, p. 281-283.

TYSON STROUD P., The Emperor of Nature: Charles-Lucien Bonaparte and His World, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2000.

 

Grégoire Tumerelle

Université catholique de Louvain

 

 

Charles Lucien Jules Laurent Bonaparte, prince de Canino

Charles-Lucien Bonaparte, prince de Canino et de Musignano, est né le 24 mai 1803 à Paris. Il était le fils de Lucien Bonaparte (un frère de Napoléon Ier) et d’Alexandrine de Bleschamp.

 

Durant son enfance, Charles-Lucien connut l’exil. Dès 1803, sa famille quitta la France suite à la mésentente entre son père et son oncle Napoléon 1er, qui condamnait le mariage de son frère. La famille de Charles-Lucien se réfugia d’abord à Canino, près de Rome, puis en Grande-Bretagne après une tentative de fuite ratée vers les États-Unis. Ils s’établirent enfin en Italie après 1815. Dans ce pays, Charles-Lucien suivit une éducation très scientifique qui lui fit découvrir la zoologie. En 1822, il épousa sa cousine Zénaïde-Charlotte-Julie Bonaparte et partit en Amérique, à Philadelphie, où résidait son beau-père. Là-bas, il se passionna pour l’ornithologie et contribua grandement aux études ornithologiques en publiant son étude intitulée American ornithology, or History of the birds of the United States en 1925-1926. Par la suite, il revint en Europe et s’installa à Rome en 1928. En 1840, il devint prince de Canino et de Musignano suite à la mort de son père. À partir de là, il continua ses études et publia plusieurs travaux et articles zoologiques. Une sérieuse renommée s’ensuivit et lui valut de devenir membre honoraire de l’Académie d’Upsal, de l’Académie de Berlin, correspondant étranger puis associé de l’Académie royale de Bruxelles le 9 mai 1842 et le 1er décembre 1845, et enfin correspondant à l’Institut de France le 18 mars 1844[1].

 

Dans les années 1840, il commença à se mêler de la politique italienne et mit en avant ses idées démocratiques et libérales, en se dressant contre l’occupant autrichien, le pouvoir séculier du Pape et en défendant le concept « d’Italie », notamment à travers de nombreux congrès scientifiques[2]. Cela lui vaudra notamment d’être expulsé de Venise en 1847 par les autorités autrichiennes suite à un de ses discours. À partir de cette année, il participa à l’insurrection romaine et à la prise de pouvoir de l’éphémère République Romaine en 1848. Il se fait également élire député de Viterbe en novembre 1848 et participe à la défense de Rome contre l’armée française, envoyée par son cousin Louis-Napoléon afin de mettre fin aux insurrections. Lors de la défaite de l’armée républicaine et de la chute de la République italienne en juillet 1849, il quitte Rome pour se rendre en France, où son cousin lui interdit le séjour. Il est alors contraint d’embarquer pour l’Angleterre, mais put revenir s’installer à Paris l’année suivante. Il se détourna de la politique et se consacra à l’ornithologie jusqu'à sa mort le 29 juillet 1857[3].

 

 

[1] FRANCESCHINI E., « Bonaparte (Charles-Lucien-Jules-Laurent) », dans Dictionnaire de biographie française, vol. 6, 1954, col. 912.

[2] MARBACH C., « Charles Lucien Bonaparte, Audubon et Saint John Perse », dans Bulletin de la Sabix, n°38, 2005, (En ligne) http://journals.openedition.org/sabix/503 (consulté le 10/5/2021).

[3] « Charles-Lucien Bonaparte, prince di Canino e di Musignano », dans Encyclopaedia Britannica, 1998, (en ligne) https://www.britannica.com/biography/Charles-Lucien-Bonaparte-principe-di-Canimo-e-di-Muignano (consulté le 5 mai 2021) et FRANCESCHINI E., op. cit., col. 912-913.

Support : 1 feuille pliée en deux

 

Hauteur : 268 mm

Largeur : 427 mm

 

Cote : 17986– 436.

 

 

Grégoire Tumerelle

Université catholique de Louvain