Lettre à Alexis Dumont, 15 février 1959
Rome 15 février 1959
Je remercie vivement la classe des Beaux-Arts de l'Académie Royale, pour l'honneur qu'elle m'a fait en me nommant membre associé.
Je m'excuse de vous adresser mes remerciements avec tant de retard. Le fait est dû à l'envoi de la communication à une ancienne adresse et aussi à mon adresse de Rome pendant ces derniers mois.
Quand je passerai par Bruxelles je ne manquerai pas de vous rendre visite.
Je vous prie, Monsieur le Directeur, d'agréer l'assurance de mes sentiments très dévoués.
Giorgio de Chirico
Piazza di Spagna 31 – Rome.
[annotation en haut à droite : Remercié]
Comme indiqué ci-dessus, la réaction de Giorgio Chirico à son élection1 en tant que membre associé de la Classe des Beaux-arts (Section de Peinture) le jeudi 3 juillet 19582 fut assez tardive. Les raisons avancées sont probables, nous ne savons. Quoiqu’il en soit, il n’honora jamais de sa présence la Classe des Beaux-Arts : nous n’avons rien trouvé à ce sujet dans les procès-verbaux de cette dernière.
Ce n’est pas pour autant que l’Académie n’eut plus jamais de ses nouvelles. En 1965 en effet, selon un brouillon de lettre de Ch. Manneback adressée à Paul-Henri Spaak, il fut signifié verbalement aux services de notre compagnie par le second (alors Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères) que le peintre n’avait pas reçu de nouvelles de l’Académie, y compris pour l’annonce de son élection. Charles Manneback s’inscrivit en faux contre cette affirmation. Il en voulait pour preuve non seulement une copie de la lettre ci-dessus mais aussi celle de la lettre de nomination du 3 juillet 1958 ou, enfin, celle d’une autre lettre de l'artiste datée du 24 octobre 19603... Méprise de De Chirico au sujet de notre institution ? Impossible de nous prononcer mais il n'en reste pas moins que les contacts entre le peintre et notre compagnie s'arrêtèrent là.
1 Dont les modalités (nombres de votants, de voix emportées, etc.) nous sont restées une fois de plus obscures, secret du vote oblige.
2 Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, 1958, Tome XL, p. 106.
3Archives de l'Académie royale de Belgique, n° 14831
BALDACCI P., Giorgio de Chirico, 1888-1919, la métaphysique, Paris, Flammarion 1998, 443 p. (traduit de l’italien par Susan Wise).
BALDACCI P., Giorgio de Chirico, catalogo ragionata Volume I, L'opera tardo romantica e la prima metafisica. Fascicolo 1, Ottobre 1908 - febbraio 1912, Milano : Archivio dell'arte metafisica, 2019, 180 p.
BALDACCI P., Giorgio de Chirico [Texte imprimé] : catalogo ragionato. Volume I. Fascicolo 2, Il mistero italiano : Torino, Arianna e gli enigmi sabaudi : Marzo 2012 - Ottobre 2013, Milano : Archivio dell'arte metafisica, 217 p.
FAR I. Giogio De Chirico, Paris, Hachette ; Milan, Fabbri, 1975, 21-172 p. (coll. L’Art de notre temps ; traduit de l’italien par Claude Ciccione).
LISTA G., De Chirico et l’avant-garde, L’Âge d’Homme, Lausanne, 1983.
LISTA G., De Chirico, Paris, Éditions Hazan, 2009, 303 p.
Giorgio De Chirico
Giorgio De Chirico naquit le 10 juillet 1888 à Vólos (Grèce) dans une famille aisée. Son père était un ingénieur de Palerme tandis que sa mère était chanteuse d’opéra. Il s’inscrivit à 12 ans à l’Institut polytechnique d’Athènes puis à l’Académie des Beaux-Arts de Munich de 1906 à 1908. Il commença à peindre en 1910. L’année suivante, suivant son frère Andra lui aussi peintre, il s’installa à Paris. Il exposa au Salon d’automne puis à celui des Indépendants. Il dut attendre 1919 pour organiser sa première exposition personnelle. Il fit également la connaissance de Guillaume Apollinaire et de Pablo Picasso et de bien d’autres artistes. Son travail était très apprécié, notamment par les Surréalistes. Toutefois, sa volonté d’attribuer une « métaphysique » à son œuvre et de prôner un retour à l’ancien l’éloignât tant du Futurisme que des Surréalistes, surtout après 1928 pour les seconds qui organisèrent même une contre exposition à une des siennes et dont le titre ne souffrait aucune ambiguïté : Ci-gît Giogio De Chirico. Cela ne l’empêcha pas de poursuivre son œuvre qui s’avéra tout aussi rémunératrice que prolifique : il inonda les marchés de l’Europe et de l’Amérique du Nord. À côté de son œuvre picturale, il publia un roman en 1929 (Hebdomeros) et se livrait régulièrement à la critique d’art. Il écrivit également ses mémoires (Mémoires de ma vie) en 1962. Il rendit son dernier souffle à Rome le 25 novembre 1978.
Support : 1 feuille de papier
Hauteur : 295 mm
Largeur : 210 mm
Côte : ARB 14831