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Lettre à Charles de Becker, 27 mai 1790

Monsieur !

je viens de recevoir une lettre à l’adresse du congres souverain des Etats Belgiques Unis expédiée par estafette expe (barré) le 26 du courant à dix heures et demi du soir de sorte qu’elle a ete dix heures en route pour la distance de douze lieus (sic), la meme chose est encore arrivée plusieurs fois, je m’en suis plaint par le reçu donné au maitre de poste de Namur dans la croïance que ce retard venoit de sa part, et l’experience verifie que la meme negligence continue de sorte que je m’adresse apresent (sic) à vous, Monsieur, comme directeur general de la poste, dans la persuasion que vous porterez vos soins áfin (sic) [qu’] une lettre expediée par Estafette ne reste pas plus long tems en route qu’un homme à pied a le soin pour faire le chemin. si contre mon attente cette negligence continuoit je me trouverois forcé de prendre des mesures qui vous occasionneroient des desagremens ce que je veux prevenir en vous informant de ce que je vous informe.
J’ai l’honneur d’etre

Monsieur !

Votre tres humble serviteur
H.N. Van der Noot
1790

ce 27 mai à huit heures du matin.

[Adresse sous plis]
Monsieur
Monsieur le Vicomte De Becker
directeur general des postes des
Paÿs Bas chez lui

[1 cachet postal]

Cette lettre adressée au domicile du vicomte Charles de Becker, directeur général des postes des Pays-Bas est aussi menaçante que révélatrice des manquements de ce service. Nous ignorons au juste s’il y eut des suites à cette affaire. La correspondance du vicomte conservée aux Archives générales du Royaume1 semble indiquer qu’il n’en fut rien. Nous avons cependant constaté que certaines périodes de l’année 1790 ne sont pas couvertes par cette correspondance, au contraire des autres années où le nombre important des correspondants du vicomte lui assurait du courrier quasi quotidiennement. Le plus probable toutefois est que De Becker conserva sa place jusqu’à l’effondrement des États-Belgiques unis. Cela n’était pas une chose assurée vu la colère de van der Noot et les agissements des patriotes. La correspondance de De Becker nous apprend en effet que le directeur des postes de Binche fut arrêté au début de l’année 1790 sans que nous ayons pu déterminer les motifs de cette arrestation2. De Becker pouvait donc nourrir quelques craintes en provoquant le courroux du tribun brabançon.

Quoiqu’il en soit, le ton de cette missive révèle sans doute aussi l’impuissance du ministre à faire fonctionner correctement un service indispensable à la marche de la jeune république des États-Belgiques unis. Le contexte dans lequel fut écrit ce courrier explique aussi certainement l’agressivité de van der Noot. Le 23 mai 1790 en effet, les troupes des États-Belgiques unis essuyait un échec retentissant face aux troupes autrichiennes dans les Ardennes3. La correspondance de l’avocat brabançon, au demeurant peu volumineuse4, ne donne pas d’indications sur sa réaction face à ce cuisant échec, ni même s’il était déjà au courant de cela, encore que cela est fort probable. Un autre évènement, commencé le jour-même de la rédaction de la lettre nous intéressant ici a certainement influencé l’humeur de van der Noot. Durant le mois de mai en effet, on avait fait circuler la rumeur selon laquelle les démocrates s’armaient pour venir délivrer le général Van Der Mersch5 - ce qui était vrai, du moins pour certains d’entre eux - et se préparaient également à assassiner les membres des États de Brabant ainsi que l’Archevêque de Malines. Ces histoires d’assassinats n’étaient qu’affabulations sans fondements mais elles ne manquèrent pas d’émouvoir les foules à la fin du mois de mai, du 27 au 31 pour être plus précis6. Ces journées marquaient le début de ce que l’on a nommé la « Terreur statiste » : désormais, tous les démocrates étaient pourchassés par les partisans de van der Noot et des proches de celui-ci7. Difficile d’imaginer que le tribun n’était pas au courant de ce qui allait advenir ce 27 mai à huit heures du matin… Et comme ce genre d’opération n’est jamais sans risque, on comprend mieux sa fébrilité, bien palpable dans cette missive.

Olivier DAMME

1 Manuscrits Divers, n° 1503-1514. Cette correspondance couvre la période s’étalant de 1780 à 1792.
2 Manuscrits divers, n° 1509, f° 14, 28, 29.
3 TASSIER S., Les démocrates belges de 1789 [Préface, chronologie, compléments bibliographiques, légendes et index par le professeur VERCRUYSSE J. Iconographie réunie par E. Collet], Bruxelles, Hayez, 1989, p. 25 (réédition d’un mémoire couronné in-8° de la Classe des Lettres de l’Académie royale de Belgique, tome XXVIII, 1930).
4 Elle est reprise dans six volumes du fonds des États Belgiques Unis (n° 180-185) conservé aux Archives générales du Royaume.
5 Jean André Van Der Mersch avait dirigé les troupes patriotes à la fin de l’année 1789. Il fut emprisonné par les statistes en avril 1790 du fait de ses sympathies pour les démocrates.
6 TASSIER S., Les démocrates belges de 1789 (…), op. cit., p. 25.
7 TASSIER S., Les démocrates belges de 1789 (…), op. cit., p. 25, 230-232 ; POLASKY J.L., Revolution in Brussels 1787-1793, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1986, p. 174-175 (Mémoires de la Classe des Lettres, in-8°, 2e série, tome LXVI, fascicule 4).

Sur Henri Vander Noot

BOULANGER H., « Tentatives de rapprochement en 1792 entre Henri van der Noot et le gouvernement français », in Bulletin de la Commission historique du département du Nord, XXVIII, 1911, p. 341‑358.

DEFOORT E., « Hendrik van der Noot : historiografische vingeroefenigen », in VAN HEMELRIJCK F. (éd.), Revolutie in Brabant 1787-1793, Brussel, Universitaire Faculteiten Sint-Aloysius, 1990, p. 121-132.

DHONDT L., « De “Lettres sur l’état present des Pays-Bas autrichiens” (1778) en het constitutionalisme van H. Vander Noot », in ART J., FRANCOIS L. (éd.), Docendo Dscimus Liber amicorum Romain Van Eenoo, Gent, Academia Press, 1999, bd. 1, p. 395-405.

DHONDT L., « Hendrik Karel Nicolaas vander Noot », in Nationaal biografisch woordenboek, Brussel, Paleis der Academiën, vol. XV, 1996, col. 558-567.

DUCHESNE E., « Noot (Henri-Charles-Nicolas Vander) », in Biographie nationale, Bruxelles, Académie royale de Belgique, t. XV, 1899, col.835-866.

GACHARD L.P., « Projet d’enlèvement de Vander Noot, en 1789 », in Bulletin de l’Académie royale de Belgique, 2e série, t. XI, 1861, p. 251-252.

GALESLOOT L., « Précis du procès politique de l’avocat Henri Van der Noot (Août 1788 - Novembre 1789) », in Compte rendu des séances de la Commission royale d’Histoire ou recueil de ses bulletins, Bruxelles, 4e série, t. IX, 1881, p. 71-92.

GERARD P.A.F., « Van der Noot, Van Eupen et la révolution brabançonne », in Revue Trimestrielle, XXII, 1859, p. 132 à 150.

HEIRWEGH J.J., « Florilège de la révolution brabançonne », in Le folklore brabançon, n° 263, septembre 1989, p. 297-312.

TERLINDEN C., « Un triomphe éphémère. - Les cortèges de la Saint-Henri à Bruxelles en l’honneur de Vander Noot - Juillet 1790 », in Le Folklore Brabançon, n° 193, mars 1972, p. 67-74.

VAN DALEN A., Henri Charles Nicolas Van der Noot à travers sa correspondance (1788-1822) : une nouvelle approche de sa vie et de sa pensée, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, mémoire de licence inédit, 2007, 185 p. et annexes.

VAN DALEN A., Henri Van der Noot. Le « héros » de la Révolution brabançonne de 1789 à travers sa correspondance (1788-1822), Fernelmont, E.M.E éditions, 2010, 310 p. (coll. L’histoire en mouvement).

VERCRUYSSE J., « Van der Noot, Holbach et le Manifeste du peuple brabançon », in Revue Belge de Philologie et d’Histoire, XLVI, 1968, p. 1222 -1227.

WATERSCHOOT W., « Van der Noot », in Pollet J.C., Patrimoine littéraire européen 7, Bruxelles, De Boeck, 1995, p. 806-812.

Sur les troubles de la fin du XVIIIe siècle en général et la Révolution brabançonne en particulier

PIRENNE H., Histoire de Belgique, [s.l.], La Renaissance du livre, t. III, p. 195-281.

POLASKY J.L., Revolution in Brussels 1787-1793, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1986, 304 p. (Mémoires de la Classe des Lettres, in-8°, 2e série, t. LXVI, fascicule 4)

TASSIER S., Les démocrates belges de 1789 [Préface, chronologie, compléments bibliographiques, légendes et index par le professeur VERCRUYSSE. Iconographie réunie par E. COLLET], Bruxelles, Hayez, 1989, p. 25 (réédition d’un mémoire couronné in-8° de la Classe des Lettres de l’Académie royale de Belgique, t. XXVIII, 1930)

Bibliographie

La période de la Révolution brabançonne ayant généré un grand nombre de publication qu’il serait vain de reprendre ici, nous conseillons au lecteur soucieux de se renseigner davantage de consulter les bibliographies établies par le Comité 1789 :
http://www.1789brabant.be/biblio_fr_1.html
http://www.1789brabant.be/biblio_fr_2.html
(consultation le 2 septembre 2011)

Henri-Charles-Nicolas Vander Noot

Noot (Henri-Charles-Nicolas van der), né à Bruxelles le 7 janvier 1731, mort à Strombeek, le 12 janvier 18271. Homme politique, avocat, fils de Nicolas-François van der Noot, amman de Bruxelles. Il obtint sa licence en droit de l’Université de Louvain. Sa notoriété commença bien plus tard quand survinrent les troubles consécutifs aux réformes de l’empereur Joseph II. Van der Noot fit en effet paraître, le 23 avril 1787, un Mémoire sur les droits du peuple brabançon et les atteintes y portées, au nom de Sa Majesté l’empereur et roi (…). Brochure dont le style fut jugé très sévèrement par les historiens2 - à raison ! - il n’en connut pas moins un retentissement considérable dans l’opinion, et cela d’autant plus qu’une lecture de ce mémoire fut donnée devant les états de Brabant lors de leur séance du 26 avril 1787. Il devint dès lors la figure de proue de l’opposition. Il avait de plus l’énorme avantage de ne jamais douter de lui et d’afficher des manières populaires qui lui valurent l’appui du peuple, en plus de celui des classes privilégiées dont il avait défendu et défendait toujours les intérêts. Dès lors, il se dépensa sans compter pour la cause des « patriotes »3, en multipliant les écrits ou encore en organisant des compagnies de volontaires dont le but était soi-disant d’assurer l’ordre dans les rues de Bruxelles et qui n’étaient en réalité que des corps d’infanterie et de cavalerie qu’il utilisa à plusieurs reprises pour maintenir la pression sur le gouvernement autrichien. Il ne défendit d’ailleurs pas que cette cause et n’eut de cesse aussi de protester contre l’établissement du Séminaire général4.Toutes ces activités séditieuses (et non exhaustives !) lui attirèrent l’hostilité du gouvernement de Bruxelles qui voyait l’ombre de l’avocat dans tous les heurts secouant le pays. Les autorités décidèrent donc l’arrestation du tribun brabançon pour le 8 août 1788 à son domicile situé dans l’actuelle rue Neuve de Bruxelles. Il réussit néanmoins à échapper à la troupe venue l’appréhender et gagna le territoire des Provinces-Unies, à Bréda plus précisément. Cet exil ne lui fit pas abandonner pour autant ses activités séditieuses, bien au contraire. Il réussit à se faire attribuer par quelques doyens du Brabant le titre pompeux d’Agent plénipotentiaire du peuple brabançon et cela à l’insu du clergé et de la noblesse. Il tenta ensuite de rallier à la cause des patriotes les cours anglaises, hollandaises et prussiennes. Il fut parfois écouté, on lui fit de temps à autre des promesses, mais d’engagements écrits, c’est-à-dire de ceux qui lient réellement deux parties, il ne fut jamais question ! Peu importe pour le tribun brabançon : il revint triomphant à Bréda en assurant ses interlocuteurs de l’aide de la Prusse et de la Hollande. En réalité, ces dernières étaient satisfaites de mettre en difficulté la Maison d’Autriche mais ne désiraient cependant pas une rupture ouverte pour la cause des belges et ne voulaient sans doute pas leur victoire sur l’empereur. D’ailleurs, l’aide promise se fit bien vite attendre malgré toutes les paroles rassurantes de van der Noot à tous ses interlocuteurs. Parallèlement à ces pathétiques démarches diplomatiques, un autre avocat brabançon, Jean-François Vonck, montait un soulèvement national des Pays-Bas, via son association secrète Pro Aris et Focis. Bien conscient que les belges ne pouvaient compter que sur eux-mêmes, il avait commencé à acheter des armes, organisé l’émigration des volontaires vers les Provinces Unies, etc. Ceux-ci furent mal accueillis à Bréda par van der Noot, certain de l’appui militaire des cours étrangères et qui était alors en pleine rédaction de son Manifeste du peuple brabançon dont l’introduction n’était autre qu’un plagiat de la Politique naturelle du Baron d’Holbach !5 Ce texte n’en connut pas moins un grand succès. Cela était d’autant plus grave pour le gouvernement de Bruxelles que Joseph II y était déclaré déchu de ses droits de souveraineté sur le duché de Brabant. En outre, ce Manifeste fut lu aux patriotes quand ceux-ci franchirent la frontière le 24 octobre pour renverser le gouvernement de Bruxelles. Devant l’inaction des cours, van der Noot et les siens avaient fini par accepter le plan de Vonck. Bien leur en prit : non seulement les troupes de patriotes réussirent à faire fuir le gouvernement de Bruxelles le 12 décembre mais, de plus, ils réussirent à récupérer les fruits de ce soulèvement armé qu’ils n’avaient pas organisé mais appuyé à la dernière minute. Van der Noot notamment fit une entrée triomphale dans Bruxelles le 18 décembre. Surnommé par beaucoup le Franklin Belge, il eut toutes les peines à rejoindre la cathédrale Sainte Gudule tant la foule se massait autour de lui pour le contempler. Arrivé à la Cathédrale, il y entendit le Te Deum avec tous les honneurs dus à un souverain. Sa popularité était alors à son sommet et il n’en manqua d’en profiter politiquement. Le 7 janvier 1790, le Congrès national se réunit et vota trois jours plus tard la réunion des provinces des Pays-Bas libérées de la sujétion à l’Autriche6 en une confédération au nom des Etats Belgiques Unis. Van der Noot fut nommé ministre, son acolyte Van Eupen, secrétaire d’Etat. Ce régime était tout sauf progressiste. Réaction face aux réformes joséphistes, il entérinait le pouvoir de l’Église, des ordres privilégiés et des institutions traditionnelles. Il serait trop long de détailler ici tous les évènements de la petite parenthèse de Etats Belgiques Unis. Il est nécessaire cependant de mentionner la division qui agita bien vite le jeune État. Les démocrates conduits par Jean-François Vonck réclamèrent bien vite des réformes, refusées de suite par les « statistes »7. Ces réformes étaient pourtant modérées : pour la plupart des démocrates, il ne s’agissait que d’élargir le Tiers-Etat, donner une représentation aux petites villes ou encore au bas clergé. Les temps n’étant pas encore aux débats démocratiques, une répression s’abattit sur les démocrates qui n’eurent d’autre choix que le chemin de l’exil. La Maison d’Autriche n’ayant toujours pas renoncé à sa domination sur les Pays-Bas, des menées diplomatiques propres à amadouer les prétendus alliés de van der Noot furent conduites avec succès. Le sort des États Belgiques Unis était scellé et les troupes de l’Empereur Léopold II8 n’eurent aucun mal à rentrer dans les Pays-Bas en décembre 1790. Van der Noot prit la fuite et à raison : si l’empereur fit preuve de clémence en proclamant une amnistie, certains en étaient exclus, dont van der Noot. Celui-ci gagna à nouveau les Provinces-Unies, à Berg-op-Zoom pour être tout à fait précis. Il resta en contact avec ses partisans restés en Brabant, avec qui il intriguait. Au début de 1792 cependant, l’empereur réussit à convaincre le gouvernement des Provinces-Unies de chasser van der Noot de son territoire. Il rejoignit l’Angleterre et suivit avec attention l’arrivé de Dumouriez dans nos régions en novembre 1792. Il y voyait une opportunité de faire à nouveau parler de lui et lança de Londres le 20 novembre 1792 une Adresse au peuple belge où il proposait aux belges le maintien des lois constitutionnelles en tentant d’obtenir une alliance avec la république française. Cette Adresse n’eut aucun écho, y compris dans les rangs des conservateurs ! Cet étranger remuant fut bien vite remarqué par le gouvernement anglais qui le contraignit de quitter le territoire à la fin du mois de février 1793. Il rejoignit La Haye puis Roosendaal en mai ou en juin 1793. Il continua à s’intéresser à la politique des Pays-Bas, ne pouvant se résigner à sa mise à l’écart par tous, y compris les statistes. Les autorités des Provinces-Unies prenaient ombrage de ses intrigues et il dut de ce fait quitter Roosendaal pour s’installer à nouveau à La Haye. Il continua à entretenir ses correspondants de ses projets constitutionnels pour les Pays-Bas, entreprise de toute façon vaine vu le rattachement des Pays-Bas autrichiens à la France le 9 vendémiaire an IV (1e octobre 1795). L’Ancien régime s’écroulait définitivement dans nos régions et avec lui le monde d’Henri van der Noot. Quoiqu’il en soit, il rejoignit le Brabant au début de 1796. Symbolisant trop la Révolution brabançonne, il fut accusé de menées séditieuses pendant la réaction royaliste : il est emprisonné ensuite à la prison de Bois-le-Duc jusqu’au début de 1797. Libéré, il regagna à nouveau la Hollande pour revenir à nouveau dans nos régions en 1801. Il observa un long silence jusqu’aux lendemains des défaites napoléoniennes de 1814. Il choisit en effet cet instant pour rédiger un Mémoire en faveur des droits de la maison d’Autriche sur la Belgique contre ceux qui vouloient la réunion à la Hollande. Celui qui participa à la chute de Joseph II se tournait vers les Habsbourg en assurant que nos régions n’avaient cessé d’appartenir aux successeurs de Joseph II. Doutant de la prospérité du pays sans soumission à François II, il demandait en outre le rétablissement de l’Ancien régime et notamment des trois ordres. Tous les biens des abbayes devaient être restitués et l’on devait faire disparaître toute trace de la domination française. Production abracadabrante et dépassée, révélatrice de l’esprit toujours borné de son auteur, ce mémoire ne rencontra aucun écho. Meurtri de cet état de fait, van der Noot se retira dans sa maison de Campagne de Strombeek et abandonna définitivement la politique avant de s’éteindre presque centenaire dans une totale indifférence.

Olivier DAMME

1 Pour cette biographie, nous nous sommes inspirés principalement des notices d’Eugène Duchesne et de Luc Dhondt pour la période s’étalant jusqu’à la fin de 1790 et du mémoire inédit d’Alice Van Dalen pour les années suivantes (Cf. Orientation bibliographique).
2 « Écrit dans un style lourd, emphatique, incorrect, empreint parfois du goût le plus burlesque (…) très long et très diffus » selon Eugène Duchesne (« Noot (Henri-Charles-Nicolas Vander) », in Biographie nationale, tome 15, 1899, col.836), « Long factum, verbeux, incorrect, mal écrit et pédantesque » selon Henri Pirenne (Histoire de Belgique, s.l., La Renaissance du livre, tome III, p. 217.
3 Du nom donné aux opposants du monarque.
4 Cette institution faisait passer sous le contrôle du gouvernement les tâches des séminaires épiscopaux, des collèges universitaires pour théologiens et des maisons de formation pour prêtres réguliers. Ceux-ci furent rétablis dans leurs droits à la fin de 1789 ou au début de 1790 (ROEGIERS J., « Séminaire général et séminaire filial (1786-1789/90) », in AERTS E., BAELDE M. et alii, Les institutions du Gouvernement central des Pays-Bas habsbourgeois (1482-1795), Bruxelles, Archives Générales du Royaume, 1995, tome 2, p. 951-960 (Archives générales du Royaume et Archives de l’Etat dans les Provinces, Studia 56). Le même article reprend une bibliographie complète relative au Séminaire général en page 958).
5 VERCRUYSSE J., « Van der Noot, Holbach et le Manifeste du peuple brabançon », in Revue Belge de Philologie et d’Histoire, XLVI, 1968, p. 1222 -1227
6 Soit toutes à l’exception du Luxembourg où les troupes de l’Empereur s’étaient repliées et livraient toujours combat à l’armée des patriotes.
7 Du nom des partisans de l’ordre ancien, de Vander Noot et des institutions.
8 Frère de Joseph II, décédé le 20 février 1790.

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