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Lettre à Louis XIV, circa mai 1643

Mon frère Le sieur de Gressi m’ayant fait entendre la nouvelle du décès du défunt Roi très chrétien monsieur mon frère, vous dira mes ressentiments sur ce sujet, et de l’affection que vous m’avez témoigné. Je vous prie me la continuer dans les occasions que la part que vous possédez dans le gouvernement de quoi je me réjouis avec vous feront naître comme je vous rendrai de marques de la mienne en celles qui me seront présentées. J’enverrai au plus tôt un ambassadeur pour accomplir plus solennellement les offices de cette occasion et pour renouveler les alliances et établir si cela se peut des correspondances et intelligences encore plus étroites que celles qui sont pour le présent, vous y contribuerez si vous plait à ceci comme à une chose qui regarde le bien des deux couronnes et du public aussi bien que le contentement particulier de

Mon frère

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Votre bien affectionné frère

                 

D’un français de piètre qualité1, bien des passages de la lettre nous intéressant ici pourraient être utilisés pour nombre de passations de pouvoirs à travers l’histoire. Il y a évidemment un côté convenu à la prose de ce document échangé entre deux puissances dont les relations étaient alors apaisées. Toutefois, il n’en fut pas toujours de même sous le règne de Louis XIII entre les deux couronnes et leurs relations furent loin d’être avantageuses à Jacques Ier puis à Charles Ier. Évoquons les faits les plus saillants. Quand Charles était encore prince héritier, après une tentative infructueuse de mariage avec l’infante d’Espagne, il fut décidé d’unir Charles à Henriette Marie, fille d’Henri IV et de Marie de Médicis. Les négociations autour de ce mariage tournèrent globalement à l’avantage des Français qui obtinrent par exemple la libération de tous les catholiques anglais pour crimes liés à leur religion2. Pour le couronnement de Charles le 2 février 1626, Louis XIII fit savoir qu’il était inopportun pour une fille de France d’être couronnée dans une église protestante lors d’une cérémonie célébrée par des évêques réformés. Il obtint gain de cause et Charles fut ceint de sa couronne seul3. Toutefois, l’affaire de La Rochelle fut sans doute celle qui brouilla le plus les relations entre Charles Ier et Louis XIII. Le premier voulut en effet apporter son aide aux huguenots révoltés de la ville du sud-ouest du royaume de France. À cet effet, il ordonna le siège de la forteresse française de Saint-Martin-de-Ré. Cette initiative se solda par un échec retentissant pour les Anglais4. Les relations entre les deux pays revinrent toutefois à la normale ensuite, y compris sous le règne de Louis XIV5 : il est vrai que Charles était sans doute trop occupé par son conflit avec l’opposition de son royaume pour se fâcher avec son puissant voisin...

1 Charles Ier avait de grandes difficultés à rédiger ses lettres (GREGG P., Charles Ier, Paris, Fayard, 1984, p. 119-120). Pour d’évidentes raisons de compréhension, nous avons décidé de modifier le texte quand cela s’avérait nécessaire. Nous avons toutefois conservé « mes ressentiments » mais il faut sans doute lire « mes sentiments ». Sauf si il s’agit d’un lapsus révélateur…
2 GREGG P., Charles Ier, op. cit., p. 117-119.
3 Ibidem, p. 169-170.
4 Ibidem, p. 175-183.
5 Du moins n’avons-nous pas trouvé trace de cela dans la littérature relative à Charles Ier.

DURSTON C., Charles I, London and New York, Routledge, 1998, 71 p. (coll. Lancaster pampphlets).

FISSEL M.C., The Bishops’wars. Charles I’s campaign against Scotland 1638-1640, Cambridge, Cambridge University press, 336 p. (coll. Cambridge Studies in Early Modern British History).

GREGG P., Charles Ier, Paris, Fayard, 1984, 522 p. (traduction de P. Delamare)

LUTAUD O. (éd.), Les deux révolutions d’Angleterre. Documents politiques, sociaux, religieux présentés par Olivier Lutaud, Paris, Aubier-Montaigne, 1978, 399 p.

MARX R., Histoire de l’Angleterre, Paris, Fayard, 1993, 837 p.

MARX R., Histoire de la Grande-Bretagne (coll. Tempus), Paris, Perrin, 2004, 581 p.

REEVE L.J., Charles I and the road to personnal rule, Cambridge, Cambridge University Press, 1989, 325 p.

YOUNG M.B., Charles I, New York, St. Martin Press, 1997, 223 p. (coll. British History in perspective)

Charles Ier d'Angleterre

Né au Palais de Dumfermline le 19 novembre 1600, décédé à Londres le 30 janvier 1649. Charles de Stuart naquit en Écosse : il était le fils de Jacques VI Stuart, roi d’Écosse et futur roi d’Angleterre en 1603 sous le nom de Jacques Ier. Charles accéda au pouvoir en 1625 et s’avèra l’objet de multiples manipulations de la part de son entourage. On le poussa d’ailleurs à attaquer l’Espagne et, pour s’assurer du côté français, il se maria ave Henriette Marie, la dernière fille d’Henri IV. Les troupes de Charles furent vaincues devant Cadix en 1626. Il entra ensuite en conflit avec la France en soutenant les protestants de La Rochelle. Ses guerriers furent toutefois défaits à l’île de Ré en 1627. Quoique partisan d’un gouvernement absolutiste, il fut contraint de convoquer le Parlement l’année suivante pour obtenir des subsides. On le somma d’accepter une pétition limitant les pouvoirs royaux. Autre défaite : les parlementaires lui refusèrent le renouvellement des droits de douane. En 1629, la question religieuse s’invita au débat. Charles Ier soutenait en effet le courant épiscopalien et arminien de William Laud, évêque de Londres puis, plus tard, archevêque de Canterbury. Le Parlement prit l’initiative de voter des résolutions condamnant le papisme, l’arminianisme et la perception des impôts non votés par le Parlement. Charles Ier fit emprisonner les meneurs, renvoya le parlement et gouverna en monarque absolu durant onze ans. L’agitation commença en Écosse en 1639 quand il tenta d’y imposer sa politique religieuse. Charles Ier employa la manière forte pour écraser ses adversaires mais échoua. Tenaillé par de récurrents problèmes financiers, il n’eut d’autre choix que de convoquer à nouveau le Parlement en 1640. L’opposition qu’il y rencontra fut telle qu’il décida de le dissoudre quelques jours plus tard. Toutefois, l’avance des Écossais poussa les lords et le peuple à exiger la convocation d’un nouveau parlement. Acculé, le souverain s’inclina et un parlement fut convoqué en novembre 1640. Celui-ci mena dès le début une politique agressive, n’hésitant pas à ordonner en mai 1641 la décapitation d’un proche du souverain, le comte de Strafford. Il en fera de même avec William Laud en janvier 1645. Ce conflit entre la couronne et le Parlement donna des idées aux Irlandais qui se soulevèrent en 1641. Le roi demanda des fonds au Parlement pour réprimer le soulèvement irlandais. Ce dernier n’avait toutefois plus aucune confiance en Charles Ier et le conflit entre cette institution et le roi gagna en intensité jusqu’1642 où ce dernier tenta de faire emprisonner les principaux meneurs de l’assemblée : la guerre civile était commencée et se propagea rapidement aux quatre coins du royaume. Aucun camp ne prit toutefois l’avantage sur l’autre, du moins jusqu’en juillet 1644 quand les troupes royalistes furent vaincues, entre autres par Olivier Cromwell qui réorganisa ensuite l’armée parlementaire. Charles Ier n’eut d’autre choix que de se rendre aux Écossais qui le livrèrent au Parlement. En position de force, celui-ci se montra logiquement exigeant et réclama l’abolition de l’épiscopat, le contrôle de l’armée, la proscription des chefs royalistes, etc. Le souverain tenta de négocier en sous-main avec les différents courants du Parlement. Un conflit éclata alors entre ce dernier et l’armée de Cromwell, désireuse de faire reconnaître ses droits. Le roi négocia avec le militaire puis se sauva à l’île de Wight en 1647 où il appela les Écossais à son secours. Face au danger, le Parlement et l’armée oublièrent leurs différends et Cromwell écrasa les Écossais en août 1648. Charles fut ramené à Londres, mis en procès devant le Parlement et condamné à mort.

Lettre

Support : une feuille de papier

Hauteur : 282 mm
Largeur : 190 mm

Cote : 19346/1041

Portrait

Charles 1.st King of England.

Engraved by Cosmo Armstrong. London Pub for the Proprietor March 1821, Painted by Vandyke.

Hauteur : 140 mm
Largeur : 62 mm

Cote : 19346/1041