Lettre à Paul Henri Spaak, 11 janvier 1955
Parti socialiste 12, cité Malesherbes Paris 9e
S.F.I.O. Tél : Trudaine 40-73 (4 lignes)
Secrétariat général Paris, le 11 janvier 1955
Prière de rappeler cette 7328
Référence RF/SC Fondation Spaak
312
14.-1. – 55 Monsieur P.-H. Spaak
Ministre des Affaires
Etrangères
Bruxelles (Belgique)
Mon cher ami,
Merci de ton aimable lettre. Mes préoccupations sont les tiennes ; il nous faut maintenant œuvrer pour obtenir le maximum de conceptions européennes dans la structure des organismes prévus par les accorde de Londres et de Paris.
Sois persuadé que la S.F.I.O. persévèrera dans ce sens en espérant d’être enfin entendue.
Bien cordialement à toi. Poignée de mains
[signature]
Guy Mollet
Si il était encore besoin de le démontrer, le document ci-dessus prouveraient les convictions pro-européennes de Guy Mollet. Celui-ci avait tout fait pour que soit instauré la Communauté européenne de Défense (CED), projet d’armée européenne prévoyant une alliance militaire entre les six pays (Benelux, France Italie, et Allemagne fédérale) de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA). Guy Mollet se dépensa sans compter pour que ce projet soit voté unanimement par les parlementaires SFIO après les votes favorables dans les cinq autres pays de la CECA. Or, le 30 août 1954, 53 parlementaires socialistes brisèrent la discipline de parti et votèrent contre la CED. C’en était fini de ce projet d’armée européenne comprenant l’Allemagne fédérale, plan qui n’allait pas de soi tant les crimes du Troisième Reich étaient encore frais dans tous les esprits … Pour pallier à cet échec cuisant, des conférences furent organisées à Paris et à Londres, respectivement du 28 septembre au 3 octobre 1954 et du 20 au 22 octobre 1954. Elles avaient pour participants les États-Unis, Le Royaume-Uni, la France, les pays du Benelux, la RFA et l’Italie. Ces conférences eurent pour conséquence la signature des Accords de Paris du 23 octobre 1954. Ceux-ci rétablissaient la souveraineté de la République fédérale d’Allemagne et mettaient fin au régime d’occupation. En outre, ce pays fit son entrée dans l’OTAN et une Union de l’Europe occidentale(UEO), seule organisation européenne à compétence militaire, fut créée. Les Accords de Paris ne furent votés qu’à une courte majorité à l’Assemblée nationale française les 27 et 30 décembre 1954 et à une un peu plus large au Conseil de la République. Il est bien probable (nous ne possédons malheureusement pas le brouillon de la lettre de Spaak) que Guy Mollet commentaient donc ces évènements récents dans le document ci-dessus. Les accords de Paris furent ratifiés le 9 mai 1955. L’UEO fut quant à elle dissoute le 30 juin 2011.
CASTAGNEZ N., Socialistes en République : les parlementaires SFIO de la Ive République, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, 413 p. (préface de Jean-Marie Mayeur).
LAFON F., Guy Mollet : itinéraire d'un socialiste controversé (1905-1975), Paris, Fayard, 2006, 960 p.
LEFEBVRE D., Guy Mollet. Le mal aimé, Paris, Plon, 1992, 563 p.
MÉNAGER B. (éd.), Guy Mollet : un camarade en république [colloque tenu du 9 au 12 octobre 1986 à l’Université de Lille], Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires de Lille, 1987, XIV-632 p.
QUILLIOT R., La SFIO et l'exercice du pouvoir, 1944-1958, Paris, Fayard, 1972, XIII-837 p. (coll. Les Grandes Études contemporaines).
Guy Mollet
Né à Flers le 31 décembre 1905, décédé à Paris le 3 octobre 1975. Homme politique français.
Support : une feuille
Hauteur : 182 mm
Largeur : 270 mm
Cote : ARB Archives Spaak - caisse 42 - farde 499 – n° 7328