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Lettre à Paul Henri Spaak, 5 février 1963

Lord Privy Seal

Foreign Office, S.W.I.

February 5, 1963.

 

Personnal

 

                My dear Foreign Minister,

                It is difficult to express one’s feelings on occasions such as this, and I hope we will soon have the opportunity of discussing personally the problems wich now face us. But I wanted to say that I am very conscious of the special debt of gratitude which we owe you for everything you have done over the long months of the negotiations, above all perhaps in the crucial periods of last summer and in the weeks before the breakdown.

                I need hardly add that we do not regard the suspensions of the negotiations as the final word. We shall do everything we can to continue to work for true European unity.

                With my warmest thanks and good wishes.

Your sincerely

Edward Heath

His Excellency

M. Paul-Henri Spaak, G.C.M.G.,

Deputy Prime Minister,

Minister for Foreign Affairs, Brussels

 

Lord Privy Seal

Foreign Office, S.W.I.

5 février 1963

 

Personnel

 

                Mon cher Ministre des Affaires étrangères,

                Il est difficile d’exprimer mes sentiments dans le contexte actuel, et j’espère que nous aurons bientôt l’opportunité de discuter ensemble des problèmes qui sont face à nous. Mais je voulais vous dire que je suis très conscient de la dette de gratitude que nous vous devons pour tout ce que vous avez fait durant ces longs mois de négociations, surtout peut-être lors des périodes cruciales de l’été dernier et des semaines avant la rupture.

                Je n’ai guère besoin d’ajouter que nous ne regardons pas les suspensions des négociations comme la fin de tout. Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour continuer à travailler pour la véritable unité européenne.

                Avec mes remerciements les plus chaleureux et me meilleurs vœux

Cordialement,

Edward Heath

Son excellence

Monsieur Paul-Henri Spaak

Député Premier Ministre

Ministre des Affaires étrangères, Bruxelles

La missive ci-dessous s’inscrit dans le contexte difficile de la suite de la conférence de presse du Général de Gaulle du 14 janvier 1963 où ce dernier s’opposa à l’adhésion du Royaume-Uni à la Communauté économique européenne (C.E.E.), non sans évoquer l’absolue incompatibilité d’intérêts selon lui entre le continent et le Royaume-Uni. Ce refus suivit une année 1962 particulièrement mouvementée où deux visions s’affrontaient pour le futur de l’Europe. La première, défendue entre autres par Spaak et Heath consistait en une Europe plus atlantique, avec partenariat avec les États-Unis et adhésion du Royaume-Uni à la C.E.E. La Seconde était défendue par la France et plus particulièrement le général de Gaulle : hostile au monde anglo-saxon, il était plus enclin à une politique continentale strict, avec rapprochement avec l’Allemagne d’Adenauer, confirmé d’ailleurs par le Traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 qui scella la réconciliation entre la France et la République fédérale d’Allemagne. Après la conférence du 14 janvier 1963, les négociations entre les Six et la Grande-Bretagne continuèrent malgré tout mais le ressort était cassé et le France demeura inflexible. Le 29 janvier, la candidature britannique fut ajournée sine die, ce qui finit de transformer Spaak en antigaulliste féroce, lui qui s’était dépensé sans compter pour l’adhésion de la Grande Bretagne à la C.E.E.

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Edward Richard George Heath

Il naquit à Broadstairs le 9 juillet 1916 dans un milieu modeste. Son père était charpentier et maçon quand sa mère était femme de chambre. Le premier devint toutefois un homme d’affaires dynamique en créant une entreprise de construction et de décoration. Il fit des études à Balliol College (Oxford) puis montra d’heureuses dispositions pour la musique. C’est durant ses années à l’université (où il étudiait la philosophie, la politique et l’économie) qu’il s’intéressa à la politique en rejoignant les rangs du courant conservateur, non sans critiquer la politique étrangère britannique qu’il jugeait trop faible par rapport à l’Allemagne.

Il participa à la Deuxième Guerre mondiale sur le continent européen en 1944 et l’année suivante. Ses faits d’armes lui valurent le grade Lieutenant-colonel. Après la fin du conflit, il enchaina rapidement plusieurs métiers avant de se consacrer à la politique : fonction publique, rédacteur au Church Times, stagiaire dans une banque privée. Il rejoignit la Chambre des Communes en 1950 : il représentait la circonscription de Bexley. Il devint responsable de l’organisation du groupe conservateur. Il fut nommé ministre du Travail en 1959 puis, l’année suivante, Lord du sceau privé pour le gouvernement MacMillan. Il était chargé de mener à bien les négociations pour l’adhésion du Royaume-Uni à la C.E.E. Persuadé que l’avenir et les intérêts de son pays étaient au sein des institutions européennes, il s’acquitta de cette tâche au mieux  mais buta sur le veto du Général de Gaulle en janvier 1963. Il se consola en devenant lauréat du Prix Charlemagne la même année puis en acceptant la charge de ministre du Commerce, de l’Industrie et du Développement régional. Il devint chef du Parti conservateur en 1965 et mena la campagne victorieuse de 1970, année où il devint Premier ministre. Sa politique se distinguait de celle couramment pratiquée dans les années 50 et 60 et n’est pas sans rappeler celle de Margareth Thatcher plus tard : il s’agissait de faire reculer l’interventionnisme de l’État en matière sociale , de laisser libre-cour aux « lois du marché », de réprimer les mouvement de grève et de limiter le pouvoir des syndicats. L’autre point crucial de son mandat fut l’entrée de son pays dans la CEE en janvier 1973, cela malgré une bonne partie de l’opinion et de son parti hostiles aux institutions européennes. Signalons enfin qu’il envoya l'armée en Irlande du Nord pour y ramener l’ordre, sans succès. Un grève des mineurs le poussa à organiser des élections anticipées. Cette initiative lui couta le 10 Downing Street au profit du travailliste Harold Wilson tandis que Margareth Thatcher lui subtilisa également la tête du parti Tory en février 1975. Il se fit plus discret par la suite mais ne manquait pas de manifester ses opinions pro-européennes contre une bonne partie de l’opinion de son parti et de l’opinion publique. Il quitta la Chambre des Communes en 2001 et mourut d’un cancer de l’intestin le 17 juillet 2005 à Salisbury où sa dépouille fut inhumée dans la cathédrale du même endroit.                                                                                                                        

Hauteur : 241 mm
Largeur : 191 mm

Cote : Fonds Paul Henri Spaak, 454-7224