Lettre à Paul Henri Spaak, 6 janvier 1941
Dorchester Hotel, W.1.
6th January, 1941.
My dear Minister
I was much touched to receive your letter, and your good wishes are a very encouragement to me in my new task
I appreciate very much the kind things you say about our personal relations. It was always a great personal pleasure to me to collaborate with you ; and I am only too glad of any occasion I may have had to help you and your country in difficult times.
I send you my best wishes for the New Year. May it be a happier year for Belgium and for all those who fight in the cause of justice and freedom.
His Excellency Monsieur Spaak.
[traduction]
Dorchester Hotel, W.1.
6 janvier 1941.
Mon cher Ministre,
J’ai été très touché par votre lettre, et vos bons vœux sont pour moi un réel encouragement dans ma nouvelle tâche.
J’apprécie beaucoup vos agréables déclarations au sujet de nos relations personnelles. Cela a toujours été un grand plaisir de travailler avec vous ; et je suis tout simplement satisfait de toutes les occasions où je vous ai peut-être aidé vous et votre pays dans les moments difficiles.
Je vous souhaite mes meilleurs vœux pour le Nouvel An. Puisse cette année être plus heureuse pour la Belgique et pour tous ceux qui combattent pour la cause de la justice et de la liberté.
Le document ci-dessus (le seul d’Halifax en notre possession) relate rapidement les relations entre le Royaume-Uni et la Belgique en général et celles liant Spaak et Halifax en particulier, du temps où ce dernier était Secrétaire d’État aux Affaires étrangères avant de devenir ambassadeur auprès des États-Unis en décembre 1940. Il est vrai qu’en 1939, il fit savoir aux autorités allemandes qu’une attaque envers la Belgique constituerait un casus belli aux yeux de Londres1, avec le succès que l’on sait… Quant aux relations avec Paul Henri Spaak, il est exact qu’en mai 1940, Halifax promit à ce dernier d’informer le roi Georges VI qu’il serait bon de tenter de convaincre Léopold III de suivre le gouvernement belge en exil : là aussi, ce fut en vain2. Début juin 1940 toutefois, Spaak obtint d’Halifax la reconnaissance officielle du gouvernement belge par le Royaume-Uni. Le 6 juin 1940 en effet, à la Chambre des Communes, Churchill affirma que le Gouvernement belge était le seul reconnu par Londres et qu’en outre, il fallait « assurer à la Belgique la restauration effective de sa liberté et de son indépendance (...) [comme] un objectif constant du gouvernement de Sa Majesté »3.
Halifax pouvait toutefois faire preuve de fermeté à l’occasion. Le 20 juin de la même année en effet, quand le découragement traversa les rangs du gouvernement belge et que celui-ci se posait des questions sur sa poursuite de la guerre, le secrétaire d’État informa Spaak qu’en cas de capitulation du gouvernement belge, il ne défendrait plus les intérêts belges. En outre, les colonies belges ne pouvaient tomber dans le camp allemand et le Royaume-Uni seraient prêt à empêcher cela par une action navale4.
BIRKENHEAD EARL, Halifax. The life of Lord Halifax, London, Hamilton, 1965, XII-626 p.
ROBERTS A. D., ‘The Holy Fox’ : the life of Lord Halifax, Guernsey, The Guernsey Press Co. Ltd, 1991, 348 p.
Edward Frederick Lindley Wood, vicomte d'Halifax
Edward Frederick Lindley Wood, baron Irwin (1925-1934) puis vicomte d’Halifax (1934-1944) et, enfin, comte d’Halifax (1944-1959). Né au château de Powderham le 16 avril 1881, décédé à Garrowby, le 23 décembre 1959.
Edward Halifax était le quatrième fils du deuxième vicomte d’Alifax, un homme d’Église célèbre et chef du mouvement anglo-catholique en Yorkshire. Il était né infirme : son bras gauche était atrophié et ne comprenait pas de main. Il fut éduqué à l’Eton and Christ Church à Oxford, et fut élu fellow de l’All Souls College de la même ville en 1903.
En janvier 1910, il entra au parlement comme conservateur : c’est le début d’une longue carrière politique de plus de trente ans. Durant la Première Guerre mondiale, il servit un temps avec les dragons du Yorkshire mais assura bien vite des tâches de secrétariat à partir de 1917. Après la guerre, il fut successivement sous-secrétaire d’État pour les Colonies (1921-1922), président du Conseil scolaire (1922-1924) et ministre de l’Agriculture (1924-1925)
De 1925 à 1929, il fut désigné vice-roi des Indes. Cette période correspondait à un intense période de fermentation entre les musulmans et les hindous. Il collabora au mieux avec Gandhi, la figure la plus importante parmi les nationalistes indiens. Utilisant sa grande influence, Halifax a accéléré les changements constitutionnels nécessaires durant son mandat mais également après. À son retour au Royaume-Uni, il fut à nouveau nommé président du Conseil scolaire (1932-1935), Secrétait d’État à la Guerre (1935), leader de la Chambre des Lords (1935-1938) et Lord Président du Conseil (1937-1938). Il rejoignit ensuite le Gouvernement de Chamberlain pour devenir Secrétaire d’État des Affaires étrangères de février 1938 à décembre 1940. C’est de loin la période la plus controversée de sa carrière politique puisqu’il mena une politique d’apaisement envers Hitler. Avant ce mandat déjà, on l’avait vu rendre visite à Hitler et Göring en novembre 1937. De même, il accompagna Chamberlain quand celui-ci décida de rencontrer Mussolini à Rome en janvier 1939. Quand Chamberlain rendit sa démission en juin 1940, il manifesta son désir d’être remplacé par son fidèle Secrétaire d’État à la Guerre. Cela ne fut pas possible puisque Churchill remporta la mise. Halifax conserva malgré tout son poste des Affaires étrangères jusqu’en décembre de la même année. Il fut alors désigné ambassadeur auprès des États-Unis, poste qu’il occupa jusqu’en mai 1946. Il défendit dignement la cause des Alliés durant le conflit, ce qui lui valut de devenir comte d’Halifax en 1944. Il assista également aux premières sessions des Nations Unies. En 1957, il fit publier un volume de souvenirs sous le titre de Fullness of Days.
Support : une feuille de papier
Hauteur : 241 mm
Largeur : 190 mm
Cote : ARB Archives Spaak - caisse 41 - farde 449