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Lettre à Paul Pelseneer, 8 juillet 1924

Le 8 juillet 1924

 

 

À Monsieur le Secrétaire perpétuel

De l’Académie des Beaux-Arts de Belgique.

 

 

Monsieur

Je vous aurais la plus grande obligeance de vouloir être, auprès de Messieurs les Membres de la classe des Beaux-Arts, l’interprète de mes sentiments de gratitude pour l’honneur qu’il leur a plu de me conférer, en m’admettant dans leur très estimée compagnie, comme associé de la section de peinture.

                Veuillez, Monsieur, agréer avec mes remerciements anticipés, l’assurance de la considération la plus distinguée.

 

Théo van Rysselberghe

C’est un Théophile Van Rysselberghe vieillissant qui conçut la missive ci-dessous. Il s’agissait de remercier les académiciens pour l’avoir élu associé de la Classe des Beaux-Arts[1], section de peinture fort logiquement. Il remplaçait Fernand Anne Piestre (dit Cormon)[2]. Quoique de nationalité belge, il n’était pas possible de le nommer membre titulaire de sa classe vu qu’il était établi en France depuis longtemps déjà. Comme l’indique Gustave Vanzipe dans sa notice biographique consacrée à Van Rysselberghe, il s’agissait pour l’Académie de rendre hommage au grand labeur et au talent de ce dernier[3].

Théo Van Rysselbergh ne renonça visiblement pas aux charmes du sud de la France pour honorer son nouveau statut d’académicien. Sans doute aussi limité par sa santé déclinante, il ne participa à aucune activité de notre Compagnie et, malheureusement, aucune de ses œuvres ne rejoignit notre collection d’œuvres d’art…

 

[1] C’est ainsi que l’on nommait l’actuelle Classe des Arts jusqu’il y a peu.

[2] Bulletin de la Classe des Beaux-Arts, t. VI., 1924, p. 57.

[3] Annuaire de l’Académie royale de Belgique, 1932, p. 97.

BLOCK J., « Théo Van Rysselberghe and the Architecture of decoration », dans The low Countries : Arts and Society of Flanders and the Netherlands, n° 18, 2010, p. 254-264.

CHARTRAIN-HEBBELINCK M.J., « Les lettres de Van Rysselberghe à Octave Maus », dans Bulletin des Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, t. XV, 1966, p. 55-112.

FELTKAMP R., Théo Van Rysselberghe 1862-1926, catalogue raisonné, Paris, Les éditions de l'amateur ; Bruxelles, Éditions Racine, 2003

FELTKAMP R., Théo Van Rysselberghe : monographie, Bruxelles, Éditions Racine, 2003.

FIERENS P., Théo Van Rysselberghe, Bruxelles, 1937.

FONTAINAS A. & L., Théo Van Rysselberghe : l’ornement du livre. Catalogue raisonné, Anvers, 1997.

HOOZEE R. et LAUWAERT H., Théo Van Rysselbergue néo-impressionniste, Pandora éditions, 1993.

MARET F., Théo Van Rysselberghe, Anvers, 1948.

Théo Van Rysselbergue, Belgian Art Research Institute, Bozar Books, Mercatorfonds, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, 2006.

Théo Van Rysselberghe, néo-impressioniste, Gand 1993.

VANZYPE G., « Notice sur Théo van Rysselberghe », dans Annuaire de l’Académie royale de Belgique, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 1932, p. 97-134.

 

Théophile Van Rysselberghe, dit Théo

Théo était le benjamin d’une famille de six enfants dont Octave qui fut également élu membre de notre compagnie en 1921. Tous deux avaient pour père Jean-Baptiste, entrepreneur de menuiserie, et Mélanie Rommens, originaire de Minderhout. Théo entama des études à l’Académie de Beaux-Arts de Gand. C’est dans cette même ville qu’il exposa pour la première fois, en 1880. Il rejoignit ensuite son frère Octave à Bruxelles et y suivit les cours de l’Académie des Beaux-arts. Deux ans plus tard, il bénéficia d’une bourse qui lui permit de visiter l’Espagne et le Maroc. De retour, il exposa à l’essor, aux Palais des Beaux-arts. Il y fit la connaissance d’Émile Verhaeren avec qui il se lia d’amitié et pour qui il conçut des illustrations pour l’Almanach, un livre calendrier de poèmes de Verhaeren. Van Rysselbergh ne se limita pas en effet à concevoir des tableaux mais illustra des livres (pour son ami Georges Flé notamment ou encore Villiers de l’Isle Adam), conçut des affiches, des gravures et du mobilier.

Il fit partie du Groupe des Vingt (ou « Les XX »), rassemblement d’avant-garde fondé par Octave Maus en 1883. C’est grâce à ce groupe qu’il fit connaissance des impressionnistes français et de James McNeill Whistler dont l’influence fut manifeste dans le Portrait d’Octave Maus (1885) par exemple. Le peintre puisa son inspiration dans d’autres sources. En effet, il fut favorablement impressionné par Un dimanche à la Grande Jatte de Georges Seurat et sa technique pointilliste : il se convertit très rapidement au néo-impressionnisme et fut l’artiste qui conçut le plus de portraits néo-impressionnistes à la charnière des XIXe et XXe siècles. Toutefois, son utilisation du pointillisme se relâcha après 1903 et il finit par l’abandonner vers 1907. C’est à cette époque (durant l’été 1902 plus précisément) qu’il reçut sa commande bruxelloise la plus importante. Victor Horta lui demanda en effet de décorer le palier principal de l’escalier d’honneur de l’hôtel particulier d’Armand Solvay situé au numéro 224 de l’avenue Louise. Il conçut à cet effet une toile de taille importante intitulée La lecture au jardin. Elle remporta un franc succès et valut bien des commandes à son auteur comme par exemple les panneaux décoratifs pour le hall du château du Pachy, près de Mariemont.

Théo Van Rysselberghe passa la dernière partie de sa vie en France, d’abord à Paris à partir de 1898. Plus tard, il rejoignit son frère Octave dans le sud de la France, dans le village de Saint-Clair au Lavandou. D'abord résident occasionnel, il décida d’y vivre en 1909. Il revendit d’ailleurs son hôtel particulier d’Auteil en 1921. Sa santé commença à décliner à cette époque et il rendit son dernier soupir à Saint-Clair le 13 décembre 1926.

 

Hauteur : 281 mm
Largeur : 216 mm

Cote : ARB 15034