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Lettre au baron Goswin de Stassart, 14 mars 1823

Je reçois votre lettre , monsieur le baron : je me rappelle très bien que vous vous étiez proposé pour accompagner l’Empereur dans son malheur, c’est un souvenir qui doit vous être doux car la conscience d’avoir bien fait est la plus douce consolation de la vie et n’est-ce pas bien faire que de se vouer à l’infortune.

Je vous envoyais l’année dernière des médailles montées en cachet : mais puisque la poste a été infidèle en les gardant. J’attendrai une bonne occasion pour vous en envoyer d’autres. Je vous prie de ne pas douter de mes sentimens pour vous.

 

Hortense


Augsbourg ce 14 mars 1823.

[Enveloppe]

[Cachet de l’Académie royale de Belgique]

[Cachets de la poste augsbourgeoise]

Augsburg 15 mars 1823

Augsburg 14 mars 1823

A Monsieur le baron de Stassart membre des états généraux

[ ?] rue neuve 5eme b. [5e bâtiment ?] n° 1097
À Bruxelles

Royaume des Pays-Bas

Hortense de Beauharnais était bien placée pour parler de la proposition de Goswin de Stassart à Napoléon de le suivre dans son exil. C’est elle en effet qui remit la lettre du baron contenant cette offre le 28 juin 18151. On sait que Goswin ne suivit pas le souverain déchu à Sainte-Hélène, ce qui ne l’empêcha pas par la suite de rester un temps en contact avec les milieux bonapartistes2, dont la reine Hortense à qui il envoya des exemplaires de certaines de ses publications, au moins à partir de mars 18193. Les deux personnages semblent toutefois avoir cessé leur correspondance après mars 1823 et il est bien probable que Goswin de Stassart ne reçut jamais les médailles mentionnées par l’ancienne reine de Hollande.


1 THIELEMANS M.-R., Goswin, baron de Stassart 1780-1854. Politique et Franc-maçonnerie, Bruxelles, Académie royale de Belgique, 2008, p. 216. (Mémoire de la Classe des Lettres, in-8°, 3e série, tome XLV, n° 2050).
2 Ibidem, p. 249.
3 Comme on peut le voir dans le dossier contenant la lettre reprise ci-dessus avec d’autres missives datées respectivement du 20 mars 1819, du 8 mars 1820 et du 2 janvier 1822 (Archives de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, n° 19345/128).

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Hortense de Beauharnais

Hortense naquit à Paris le 10 avril 1783 et était la fille d’Alexandre de Beauharnais et de Marie Josèphe Rose Tascher de La Pagerie, la future Joséphine, première épouse de Napoléon Bonaparte et impératrice1. Alexandre, persuadé par une cousine de Rose (avec qui il avait une liaison…) de n’être pas le géniteur d’Hortense, renia celle-ci, désavoua son épouse et prétendait à qui voulait l’entendre qu’il allait se séparer d’elle. Il revint à la raison rapidement mais les relations entre les deux époux furent irrémédiablement dégradées… Hortense fut mis en nourrice durant deux ans et demi près de Noisy-le-Grand. Ses deux parents se séparèrent en 1785 et Rose obtint la garde d’Hortense et d’Eugène (son grand-frère). Les relations entre les deux parents restèrent courtoises et tous deux avaient à cœur d’élever correctement leur progéniture. Ils s’installèrent alors à Fontainebleau, endroit que Rose appréciait bien moins que Paris. En 1788, elle rejoignit sa famille en Martinique en compagnie d’Hortense. Elles y restèrent jusqu’en 1790, au moment où la Révolution commençait à agiter les îles. Proches du pouvoir insulaire, elles se virent contraintes de quitter la Martinique et revinrent en France en pleine tourmente révolutionnaire. Son père devint l’une des figures emblématiques de la Révolution et fut même désigné président des Jacobins en avril 1791 et présida un temps l’Assemblée nationale. Hortense profitait cependant du calme de Fontainebleau et passa aussi les mois précédant la chute de la Monarchie au couvent parisien de l’Abbaye-aux-Bois. Elle en fut brutalement extraite le 10 août 1792 pour rejoindre sa mère en son appartement. La Révolution se fit plus sévère envers ses parents : son père, alors commandant en chef de l’armée du Rhin, fut arrêté en mars 1794 et sa mère le mois suivant. Le premier fut guillotiné le 23 juillet 1794 et la seconde échappa par miracle au couperet. Celle-ci se mit ensuite en quête de protecteurs et ne put s’occuper de ses enfants. Hortense fut donc placée en pension à l’Institut national de Saint-Germain dirigé par Madame Campan.
Elle n’avait que treize ans quand sa mère épousa Napoléon Bonaparte. Quand il fallut lui trouver un mari, Napoléon songea à son frère Louis. Le mariage eut lieu en janvier 1802, contre la volonté des deux contractants : Hortense trouvait que son mari manquait d’allure tandis que ce dernier ne faisait que se plier à la raison d’État ou, en d’autres termes, à la volonté de son grand frère. D’un caractère complexe, il pouvait difficilement apprécier une femme séduisante, intelligente et cultivée. Cette union fut donc chancelante et caractérisée par de longues séparations : de 1802 jusqu’en septembre 1807, ils ne vécurent que quatre mois ensemble. Ils eurent néanmoins trois enfants : Charles-Napoléon en 1802, Napoléon-Louis en 1804 et enfin Louis-Napoléon, le futur Napoléon III, en 1808. Dans un tel contexte, la paternité de ses enfants donna lieu à toutes sortes de spéculations. On donnait Napoléon pour le père des deux premiers tandis que le dernier eut plusieurs candidats dont un amiral hollandais, Verhuel.
En 1806, Louis fut nommé roi de Hollande. Hortense l’accompagna à La Haye en juin mais leurs relations ne se réchauffèrent pas pour autant. Elle fuit même la Hollande en 1807 : seule la mort subite de leur fils aîné les rapprocha un temps : ce fut à cette époque qu’ils conçurent le futur Napoléon III. En 1810, Louis prit le parti des Hollandais contre l’empereur, provoquant la colère de ce dernier. Hortense rejoignit son mari à La Haye, mais, ne le supportant plus à nouveau, elle le quitta pour s’installer à Plombières. Louis abdiqua le trône de Hollande non sans avoir désigné son fils comme successeur avec Hortense pour régente. Bien entendu, Napoléon annula toutes ces décisions et Louis quitta le territoire français pour rejoindre les terres de l’empereur d’Autriche. Hortense reçut le titre de « Reine Hortense » et le droit d’avoir une Maison avec seize officiers. Elle résida principalement au château de Saint-Leu au nord de Paris, voyagea et participa aux cérémonies de la Cour. Elle ne négligea pas ses enfants tout en menant une vie sentimentale trépidante marquée par la naissance en 1811 d’un fils illégitime, le futur duc de Morny. Les désastres de l’empire à partir de 1814 ramenèrent Louis à Paris. Il fut reçu très froidement par son frère et sa femme. Il redoubla d’attentions pour celle-ci et fit part de son désir de vivre à nouveau avec elle. Cela n’entrait nullement dans les plans d’Hortense et si elle le suivit à Rambouillet, cela n’était que pour rejoindre sa mère à Évreux. Les deux femmes rejoignirent ensuite la Malmaison. Elle y rencontra le tsar Alexandre qui l’admira instantanément : les rumeurs recommencèrent de plus belle. À la mort de Joséphine, Alexandre continua de protéger Hortense et obtint de Louis XVIII qu’elle fut créée duchesse de Saint-Leu et qu’elle bénéficia d’une pension annuelle de 400 000 francs.
Le retour de l’île d’Elbe mit Hortense dans une position délicate : elle dut essuyer le courroux de l’empereur qui lui reprocha son rapprochement avec les Bourbons. Elle fut toutefois sauvée par ses enfants : Napoléon avait besoin de ses neveux pour stimuler le sentiment patriotique et dynastique du pays. Il lui pardonna donc ses fautes et Hortense ne le renia plus, à tort pour ses intérêts. Quand le premier empire s’effondra définitivement, le tsar, déçu du comportement d’Hortense durant les Cents-Jours, refusa de plaider sa cause auprès de Louis XVIII, bien décidé à interdire de séjour en France tout le clan Bonaparte. Une vie d’errance commença alors et ne s’acheva qu’en 1817 lorsque le canton de Thurgovie (Suisse) lui offrit l’asile. Elle voulut acheter la villa d’Arenenberg, près du lac de Constance mais les puissances alliées l’en empêchèrent jusqu’à la mort de Napoléon en 1821. Elle y résida jusqu’à sa mort mais fit toutefois quelques voyages, notamment en Italie pour y voir son fils aîné, retenu par son mari. Suite à cela, ses liens avec Louis-Napoléon s’approfondirent : elle l’éleva dans une atmosphère bonapartiste, voire impériale, ce qui expliqua peut-être l’attitude future de son fils. Ce dernier et son frère participèrent à l’insurrection italienne de 1830 mais l’aîné perdit la vie à cette occasion. Hortense sauva toutefois Louis Napoléon d’une vengeance autrichienne. Elle se rendit au même moment en France et y rencontra Louis-Philippe, peu disposé à lui accorder l’asile. Elle se refugia un temps en Angleterre avant de rejoindre Arenenberg. Sa maison devint un endroit prisé non seulement par des membres de la famille Bonaparte mais par des écrivains, des peintres et des musiciens parmi les plus renommés. Elle mena alors une vie assez tranquille qui ne fut interrompue que par le coup d’éclat de Louis-Napoléon à Strasbourg en 1836. Celui-ci s’enfuit aux États-Unis et ne revint que quand il apprit la maladie de sa mère. Le cancer de celle-ci devint inopérable et Hortense rendit l’âme à Areneberg le 5 octobre 1837.

1 Pour cette notice, nous nous sommes inspiré de la notice de William Smith parue dans le Dictionnaire Napoléon et de la monographie de Françoise Wagener (cf. orientation bibliographique).

Lettre

Support : une feuille de papier avec frise

Hauteur : 176.5 mm
Largeur : 268 mm

Cote : 19345/128

Enveloppe

Hauteur : 90 mm
Largeur : 110 mm

Cote : 19345/128

Portrait

Hortense


J. Lith de Delpech. Signature d’Hortense de Beauharnais en fac-similé.

Hauteur : 274 mm.
Largeur : 179 mm

Cote : 19345/128