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Lettre au baron Goswin de Stassart, circa 1845

                                                                                                                                                                             Monsieur

Je regrette infiniment de n’avoir pu avoir l’honneur de vous voir ni lundi, ni vendredi - si vous avez la bonté de me faire savoir votre jour et votre heur je m’empresserai de m’y rendre à moins que vous n’ayez occasion de passer par ma montagne (rue des postes, 12, à 5 ou 7 heures)

Recevez mes hommages et mes salutations cordiales

[Apostille en haut à gauche de la main du baron de Stassart]

Réponse verbale 1845

Cette lettre pleine d’amabilités fut sans doute écrite durant l’année 1845 vu l’apostille du baron de Stassart. Cette apostille tend à prouver également que les deux hommes se virent à la suite de la rédaction de cette missive (« réponse verbale »). Toutefois, nous n’avons trouvé aucune trace de cette rencontre dans le journal de l’historien1. Toute personne ayant parcouru cet ouvrage sait pourtant que Michelet y consignait ses innombrables rencontres2. On trouve d'ailleurs mention de ses entrevues avec quelques-uns des académiciens de notre Académie lors de son séjour à Bruxelles durant l'été 1840, comme par exemple Adolphe Quetelet ou Louis Prosper Gachard3. Indifférence de l'historien envers le baron de Stassart, oubli ? Il est impossible de se prononcer à ce sujet en l'absence de sources permettant de trancher cette question.




1 VIALLANEIX P., DIGEON C. (éd.), Journal de Jules Michelet / Texte intégral, établi sur les manuscrits autographes et publié pour la première fois, avec une introduction, des notes et de nombreux documents inédits, Paris, Gallimard, 1959, t. 1, p. 586-633 pour l’année 1845. Nous n'avons rien trouvé non plus dans la littérature relative à Michelet (cf. orientation bibliographique).

2 Peut-être de façon non exhaustive il est vrai, nous ne savons.

3 VIALLANEIX P., DIGEON C. (éd.), Journal de Jules Michelet (...), op. cit., p. 343.

Monographie et articles

BARTHES R., Michelet par lui-même, Paris, Éditions du Seuil, 1965, 189 p. (coll. Écrivains de toujours ; 19).

FAUQUET É., Michelet ou la gloire du professeur d'histoire, Paris, Cerf, 1990, 453 p. (coll. Passages).

FEBVRE L., Michelet, Genève, Paris, 1946, 163 p.

FEBVRE L., Michelet et la Renaissance, Paris, Flammarion, 1992, 399 p.

KAPLAN E.K., Michelet’s Poetic vision : a romantic philosophy of nature, man and women, Amherst, University of Massachusetts Press, 1977, XXVI-211 p.

MONOD G., La vie et la pensée de Jules Michelet : cours professé au Collège de France, Paris, Champion, 1923, 2 vol., V-II-388 p. (coll. Bibliothèque de l'École des hautes études. Sciences historiques et philologiques ; 235-236).

Michelet : sa vie, son œuvre, 1798-1874 : exposition
, Paris, Archives de France, 1961, XVIII-160 p.

PETITIER P., Jules Michelet : l'homme histoire, Paris, Grasset, 2006, 477 p.

ORR L., Jules Michelet : nature, history and language, Ithaca, Cornell University Press, 1976, 215 p.

VIALLANEIX P.(dir.) , Michelet cent ans après : études et témoignages, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1975, 222 p. (coll. Romantisme ).

VIALLANEIX P., « Michelet (Jules) 1798-1874 », in Encyclopaedia Universalis, Paris, Encyclopaedia Universalis, 1996, corpus 15, p. 284-286.

VIALLANEIX P., La Voie royale. Essai sur l’idée de peuple dans l’œuvre de Michelet, Paris, Delagrave, 1959, 543 p.

Sources éditées et œuvres complètes

VIALLANEIX P. (éd.), Jules Michelet, œuvres complètes, Paris, Flammarion, 1971-1995, 21 vol.

VIALLANEIX P., DIGEON C. (éd.), Journal de Jules Michelet / Texte intégral, établi sur les manuscrits autographes et publié pour la première fois, avec une introduction, des notes et de nombreux documents inédits, Paris, Gallimard, 1959-1976, 4 t.

Jules Michelet

Jules Michelet naquit dans un milieu parisien très modeste. Son père était imprimeur et lui apprit les rudiments de la composition typographique tout en lui racontant les journées révolutionnaires. Il désirait une solide instruction pour son fils et l'inscrit à cet effet au collège Charlemagne. Le jeune Jules se mêla difficilement aux autres lycéens d'origine bourgeoise. Cela ne l'empêcha pourtant pas de briller rapidement : il remporta trois prix au concours général de 1816, dont deux de latin. Trois ans plus tard, il était licencié et docteur ès lettres avec une thèse sur Plutarque.

La nécessité de gagner sa vie lui fit choisir l'enseignement, en tant que répétiteur dans un premier temps. Il se présenta au concours de l'Agrégation des Lettres en 1821 et y fut reçu au troisième rang. Il fut chargé d'enseigner l'histoire à Sainte-Barbe puis, à partir de 1827, à l'École normale. Parallèlement, il se livra à des lectures aussi diverses qu'approfondies et traduisit la Scienza Nuova de Giambattista Vico en 1827. Trois ans plus tard, il publia une Histoire romaine et surtout une Introduction à l'histoire universelle en 1831 dans laquelle il dévoile sa philosophie de l'histoire conçue comme un combat de la liberté contre la fatalité, comme une révolution permanente. De 1833 à 1844, il conçut encore les six premiers tomes de son Histoire de France consacrés au Moyen-Âge jusqu'à la mort de Louis XI. Dans cet ouvrage, Michelet décrit un peuple déterminant souverainement le cours des évènements, la carrière de personnages historique ou encore la vie des institutions, écrivant ainsi l'histoire du pays "de bas en haut". De 1847 à 1853, il publia son autre grande oeuvre, l'Histoire de la Révolution française, une entreprise qui put s'appuyer sur l'expérience accumulée lors de la rédaction de l'Histoire de France mais aussi sur une information orale recueillie auprès de témoins encore vivants. Les intentions de Michelet allaient toutefois bien au delà de celles de l'historien. Il se livra ainsi à une véritable prédication républicaine et se fit le contempteur de la Compagnie de Jésus (Les jésuites, 1844) et de l'Église de façon générale, accusée de trahison envers le peuple. Les évènements de 1848 lui donnèrent bien des espoirs, bien vite étouffés cependant lorsqu'on tira sur les ouvriers du faubourg Saint-Antoine. Il s'étonna peu dès lors du coup d'État du 2 décembre 1851. Il refusa de prêter serment à l'Empereur et perdit de ce fait sa chaire de professeur au Collège de France (qu'il avait rejoint en 1838) et son poste de directeur de la section historique des Archives nationales au sein desquelles il travaillait depuis le début de la Monarchie de Juillet. Il quitta Paris sans toutefois prendre le chemin de l'exil. Il travailla de plus belle et acheva son Histoire de la Révolution française. Il reprit également son Histoire de la France délaissée depuis dix ans. Les neuf derniers volumes de celle-ci parurent de 1856 à 1869 mais sa passion républicaine le desservit en ce sens qu'il y évoque davantage les travers de la vie privée des rois de France que leur oeuvre véritable. Il conçut aussi des livres à visée plus philosophique ou moralisatrice que strictement historique comme Le banquet (1854), L'amour (1858), La femme (1859), La bible de l'humanité (1864) ou encore Nos fils (1869). Cet avocat des plus humbles épousa aussi la cause animale en rédigeant L'oiseau (1856) et L'insecte (1857).

La guerre de 1870 fut pour lui une rude épreuve : n'avait-il pas voué une grande admiration envers l'Allemagne et sa culture dès sa jeunesse ? Il servit la France vaincue à sa façon en rédigeant La France devant l'Europe (janvier 1871). Il donna ensuite une suite à son Histoire de la Révolution en commençant une Histoire du XIXe siècle. Sa santé commençait toutefois à décliner et la mort l'empêcha d'aller plus loin que le troisième tome de cette dernière entreprise.

Support : une feuille de papier, un pli

Hauteur : 232 mm
Largeur : 209 mm

Cote  : 19345/1314